Virement en agence, retrait au distributeur, transfert du PEL ou encore frais de dossier des prêts immobiliers : les banques ont la main lourde sur certaines lignes tarifaires.

Si vous disposez d’une carte classique, a fortiori incluse dans un package, et que vous faites vos opérations bancaires en ligne, vos frais bancaires ne devraient pas trop évoluer l’an prochain. En revanche, certains produits et services vont continuer à voir leur prix bondir dans les mois à venir. Preuve en sont les nouvelles brochures tarifaires pour 2021 mises en ligne cet automne par la moitié des 128 banques que MoneyVox suit

Quatre tendances se confirment en 2021

  • Premièrement, les banques deviennent encore moins tolérantes vis-à-vis des retraits dans les distributeurs automatiques de billets des enseignes concurrentes.
  • Deuxièmement, les banques augmentent les prix des opérations nécessitant une intervention humaine.
  • Troisièmement, les banques sont plus sévères envers les clients qui veulent déplacer leur épargne.
  • Enfin, dernièrement, elles durcissent la facturation des services connexes au prêt immo dans un contexte où accorder un crédit à l’habitat est devenu moins rentable.

1. Les banques font la chasse aux retraits déplacés

A chaque fois que vous utilisez un distributeur de billets d’un réseau concurrent, votre banque paie une commission à l’établissement qui possède le DAB. Celle-ci s’ajoute au coût de l’entretien et de la gestion courante de ses propres automates. C’est pourquoi, alors qu’il devient de plus en plus facile de se passer d’espèces grâce au paiement sans contact, les banques durcissent les prix des retraits déplacés. C’est-à-dire des opérations réalisées dans des enseignes concurrentes.

D’ores et déjà, un quart des banques qui vont changer leurs prix en 2021 vont rendre les retraits déplacés plus chers en France et en zone euro. C’est le cas dans 5 caisses de Banque Populaire, dont celle présente à Paris. A partir du 1er janvier, la Banque Populaire Rives de Paris va en effet limiter le nombre de retraits gratuits à 2 opérations par mois, contre 3 jusqu’alors, pour les détenteurs d’une Visa Classic ou Premier ou d’une Mastercard. Pour ceux qui possèdent une carte bancaire à « quasi-autorisation systématique » - la carte qui remplace la Visa Electron dans le réseau Banque Populaire - il n’y a même aucune tolérance. Tous les retraits déplacés sont payants et facturés 1 euro. 6 caisses du Crédit Agricole augmentent aussi le coût des retraits déplacés, dont le Crédit Agricole Guadeloupe chez qui le nombre d’opérations gratuites passe de 4 à 2 par mois avec une carte classique. Au-delà, cette enseigne facture, à compter du 1er janvier, 1 euro pour tout retrait supplémentaire, contre 0,90 euro jusqu’à présent. Les cartes haut de gamme continuent à bénéficier de la gratuité totale des retraits en zone euro. Une pratique assez répandue dans les établissements bancaires quel que soit le réseau.

Plus généralement, faire 4 retraits déplacés par mois avec une Visa ou une Mastercard classique revenaient en 2020 à 9,40 euros par an, en moyenne, dans les banques qui s’apprêtent à revoir cette ligne tarifaire. En 2021, ce même nombre d’opérations coûte désormais 16,20 euros, soit une augmentation de 72% !

Lire aussi : Etes-vous la cible de la hausse des tarifs de 2021 ?

2. Les clients incités par les tarifs à se passer du conseiller

« De plus en plus de banques traditionnelles comme en ligne adoptent une tarification segmentée sur un nombre croissant d'opérations. Tel est le cas, par exemple, pour les virements instantanés, les modifications des plafonds d'utilisation carte ou encore les oppositions sur carte. Il n'est plus rare de voir pour ces opérations trois voire quatre niveaux de facturation qui sont fonction du canal par lequel elles sont réalisées : en agence, via le centre de relation client, via l'interface client en internet fixe ou encore via l'application mobile. Dans ce dernier cas, la gratuité est très souvent la pratique dominante, totalement en adéquation avec les stratégies de selfcare promues par les banques. ».

Cette observation faite par Laurent Trichet, fondateur de Sémaphore Conseil, cabinet spécialisé dans le secteur bancaire, se vérifie effectivement dans les plaquettes tarifaires 2021. Illustration avec le virement occasionnel en agence. Son coût va augmenter de 1 à 25% dans les banques qui changent cette ligne tarifaire. Cela concerne plus d’un tiers des établissements qui ont sorti une nouvelle brochure. Les plus fortes augmentations s’observent à la Banque Dupuy de Parseval, à la Banque Marze et à la Banque Populaire du Sud où chaque virement ponctuel réalisé au guichet est facturé désormais 5 euros, contre 4 euros en 2020.

Plus généralement, chaque intervention humaine a tendance à se transformer en frais bancaires supplémentaires. Ainsi, les frais de retour NPAI (pour « ne réside plus à l’adresse indiquée ») se corsent et parfois lourdement. A la Caisse d’Epargne de Rhône Alpes, de 15 euros en 2020, ces frais passent à 20 euros en 2021. A la Banque Dupuy de Parseval, alors que cette ligne n’était pas mentionnée jusqu’alors, la nouvelle plaquette prévoit une facturation de 57 euros par trimestre durant lesquels les lettres n’ont pas pu parvenir à leur destinataire. En effet, ces frais de retour NPAI visent à compenser le traitement manuel des courriers revenant à la banque du fait d’une mauvaise adresse ou d’une boîte aux lettres illisible. D’ailleurs, pour éviter ce traitement manuel et, plus généralement, les courriers papiers, votre banque vous a probablement proposé de passer sur un format e-documents ou e-relevés, disponibles dans votre espace personnel en ligne.

Des alertes SMS encore payantes en 2021 !

Alors que les notifications par sms sont gratuites et un basique de l’offre des banques en ligne, ce service est encore payant dans l’essentiel des banques avec agences. Les augmentations sur les alertes sms s’expliquent habituellement par le fait que les banques font évoluer le contenu de leur offre présentée dans l’extrait standard. Leurs services contiennent alors plus d'alertes ou de nouvelles fonctionnalités, comme des notifications à but préventif pour anticiper bien avant la venue du découvert ou pour prévenir que des opérations vont être rejetées. Une montée en gamme que les banques répercutent dans leurs prix. Pour l’an prochain, une dizaine de banques prévoient d’augmenter leur abonnement à ces alertes, à l’image de la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire où celui-ci passe de 12 euros par an à 19,56 euros (+63%) s’agissant de la tarification à la carte, hors package.

3. Quand déménager son épargne rogne fortement sur sa rentabilité

C’est une évolution que nous avions déjà observée l’an dernier : les banques durcissent les frais pour transférer des produits d’épargne dans un autre établissement. Ainsi les frais de transferts pour un PEL ou un CEL vont augmenter dans près de 40% des enseignes qui vont changer de prix en début d’année prochaine. Dans ces banques, ils vont en moyenne passer de 103 à 108 euros (+ 5%). Hausse magistrale au Crédit Agricole de Guadeloupe avec une flambée de 150% ! De 51,47 euros, les frais de transfert d’un plan d’épargne logement bondissent à 127 euros.

Les frais de transfert d’un compte-titres ou d’un PEA évoluent aussi. Fait remarquable concernant le transfert du plan d’épargne en actions : sur la trentaine de banques qui modifient cette ligne tarifaire, plus de la moitié se collent au plafond légal, en vigueur depuis juillet dernier. Pour rappel, il est fixé à 15 euros par ligne dans la limite de 150 euros. Pour beaucoup, cela correspond à une hausse sensible des frais prélevés. En effet, précédemment, le maximum tournait autour de 115 à 135 euros dans les Crédits Agricoles du Morbihan, des Côtes d’Armor, du Finistère, d’Ille-et-Vilaine, ou encore à la Caisse d’Epargne Provence Alpes Corse ou de Centre-Loire.

4. Augmenter les petites lignes du crédit immobilier

Avec la baisse des taux d’intérêt, les banques font moins de marges sur les prêts immobiliers. Mais en parallèle, elles augmentent ou intègrent à leur plaquette d’autres frais liés au crédit à l’habitat. « L'année dernière, le Comité consultatif du secteur financier avait pointé que les plaquettes comportaient de plus en plus de lignes tarifaires concernant le crédit immobilier, signe d'une plus grande transparence : un affichage plus systématique des frais de dossier mais aussi l'apparition croissante de frais liés à la gestion d'actes plus ou moins complexes tels que le report d’échéance, le retrait d'un co-titulaire, ou encore la modification de la date de prélèvement », explique à MoneyVox Laurent Trichet.

Pour 2021, l’inflation se poursuit sur les frais de dossier, comme à la Caisse d'Epargne Hauts de France où le minimum prélevé grimpe à 500 euros, contre 400 euros auparavant. Au Crédit Agricole Loire Haute-Loire, le maximum passe de 1 000 euros à 1 200 euros. Certaines banques, toutefois, comme la Banque Populaire Occitane, vont baisser leurs frais de dossier indiqués dans leurs plaquettes.

En revanche, les nouvelles brochures ne mentionnent pas de baisse sur les frais de renégociation. Ce sont principalement des banques du réseau Crédit Agricole qui changent leurs prix. Par exemple, dans la caisse du Crédit Agricole Nord de France, le minimum applicable passe de 155 euros à 600 euros. Au Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine, il est prévu d’appliquer un minimum de 6 mois d’intérêts augmenté de 450 euros en 2021, contre 6 mois d’intérêts + 225 euros en 2020.

Voir notre comparatif des banques les moins chères