Compte courant, épargne, crédits... Par souci de simplicité, parfois d'équité, les couples en viennent généralement à souscrire des produits bancaires en commun. Des liens financiers qu'il faut défaire dans le cas d'une séparation. Et ce n'est pas gratuit, loin de là. MoneyVox fait les comptes.

La Saint-Valentin, c'est aujourd'hui ! Comme chaque année, ce 14 février va être l'occasion, pour les amoureux, de célébrer ce qui les lie. Mais la vie de couple, évidemment, n'est pas faite que de roses et de dîners en tête-à-tête. Vivre à deux, plus prosaïquement, cela signifie faire des courses, payer des factures, parfois rembourser un crédit... Une des manifestations concrètes du choix de se mettre en couple est donc, très souvent, l'ouverture de comptes communs, de dépôts ou d'épargne.

C'est le choix fait par une écrasante majorité de couples. Les chiffres datent un peu et ont sans doute évolué depuis, avec l'évolution des usages bancaires et la démocratisation des banques en ligne, à faible coût. Quoi qu'il en soit, en 2015, près des deux tiers des couples mettaient en commun l'intégralité de leurs ressources, et près de 20% une partie d'entre elles. En clair, le compte joint était et reste sans doute le principal mode de gestion des finances des couples.

Où ouvrir un compte joint gratuit ?

Une désolidarisation qui coûte cher

Evidemment, lorsqu'un couple décide de se séparer, ces liens financiers tissés au fil des années doivent être défaits. Et cela a un coût. MoneyVox a fait le calcul.

La première étape, essentielle, est de reprendre son autonomie financière en se débarrassant de ce compte commun. Si la séparation est apaisée et que les deux ex sont sur la même longueur d'onde, cela peut se faire, assez simplement, par une simple clôture de compte. C'est la solution la plus économique : la réglementation interdit aux banques de facturer cette opération. Evidemment, il faudra bien veiller, pour éviter de très coûteux incidents de paiement, de pointer les éventuels paiements en cours et de changer les domiciliations du versement des salaires, du paiement des factures et des échéances de crédit.

Il existe également une procédure plus spécifiquement dédiée à ce genre de situations : la désolidarisation du compte joint. Elle permet de maintenir le compte ouvert, le temps d'effectuer les démarches nécessaires, tout en mettant fin, par précaution, à la solidarité financière du couple. Concrètement, une fois la désolidarisation prise en compte par la banque, toute opération effectuée sur le compte joint, tout retrait en particulier, ne peut s'effectuer qu'avec l'accord des cotitulaires. C'est donc un préalable à la séparation financière définitive.

Cette mesure protectrice, toutefois, n'est pas toujours gratuite. Et, quand elle ne l'est pas, elle coûte cher. Selon notre relevé tarifaire, effectué le 1er février 2024 sur 123 banques, cette désolidarisation coûte en moyenne près de 40 euros (39,17 euros précisément) dans les 54 banques qui facturent l'opération.

De 0... à 105 euros pour une même prestation

Plus gênant encore, le prix facturé varie énormément selon les enseignes et, dans les enseignes mutualistes, selon les régions. Ainsi, 26 banques n'estiment pas nécessaire de faire payer la désolidarisation. 43 autres ne font même pas figurer le service dans leur brochure, ce qui signifie, en principe, qu'elles ne le facturent pas.

A l'autre bout du spectre, certaines enseignes ont la main particulièrement lourde. C'est le cas, par exemple, du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne qui facture 105 euros de frais pour cette prestation. Soit 105 euros de plus que d'autres caisses du même réseau (Alpes Provences, Anjou Maine, Centre France, etc.), qui ne la font pas payer. Le constat vaut également pour les autres réseaux mutualistes : Banque Populaire, Caisse d'Epargne, Crédit Mutuel...

Ces écarts peuvent paraître étonnants, mais ils sont assez classiques sur ces opérations, rarement facturées et cachées au fond des brochures tarifaires, surtout sur lesquelles la concurrence ne joue pas. On choisit rarement sa banque sur le critère du prix de la désolidarisation de compte joint....

Des frais annexes en cas de crédit

La séparation financière peut encore se compliquer, et les frais s'alourdir, lorsque le couple a souscrit, ensemble, un ou plusieurs crédits immobiliers et à la consommation.

Le plus simple, et le plus économique, est évidemment de continuer à rembourser ce crédit jusqu'à son terme. Dans ce cas, il suffit de prévenir la banque du changement de situation. Cela n'entraînera pas nécessairement de frais supplémentaires, sauf si le compte utilisé pour rembourser le crédit change. Les banques, en effet, facturent également cette modification, autour de 35 euros en moyenne (1).

Cela suppose, évidemment, une bonne entente entre les deux ex-partenaires. Si ce n'est pas le cas, la solution est de rembourser le crédit par anticipation, quitte à revendre le bien acheté. Le couple en cours de séparation s'expose alors au paiement d'indemnités de remboursement anticipé (IRA), qui peuvent aller jusqu'à 1% du montant emprunté pour un crédit conso, et jusqu'à 3% du capital restant dû pour un crédit immo.

La 3e possibilité, enfin, consiste, pour un des co-emprunteurs, à devenir le titulaire unique du prêt. L'accord de la banque n'est pas garanti : elle peut refuser, si elle estime que ce dernier ne dispose pas des revenus suffisants pour rembourser. Si elle accepte, la banque va alors facturer des frais de désolidarisation de crédit. Et, là encore, cela coûte très cher : selon notre relevé (1), près de 254 euros, en moyenne, dans les 22 banques qui facturent un forfait fixe, et plus, potentiellement, dans celles qui appliquent un pourcentage sur le capital restant dû.

(1) Relevé tarifaire au 1er février 2024