Selon l'UFC-Que Choisir, les tarifs appliqués en France sur les transferts d’argent en devises sont 14% supérieurs à la moyenne européenne. En cause notamment, un défaut de concurrence.

19 milliards d’euros : c’est le total, en 2017, des transferts d’argent effectués par des particuliers résidents en France vers l’étranger. Plus de la moitié de cette somme (10 milliards d’euros) quitte la zone euro.

Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’UFC-Que Choisir s’inquiète du coût de ces transferts pour leurs initiateurs. « (…) Tous canaux et toutes destinations confondues, (…) leur coût moyen [est évalué] à 6,7% de la somme envoyée, soit 11,40 euros pour un envoi de 170 euros ». Selon l’association de consommateurs, ce prix est 10% supérieur à la moyenne européenne lorsque les transferts prennent la forme de virements bancaires internationaux, et de 14% lorsqu’ils sont effectués chez des enseignes spécialisées : Western Union, Moneygram, etc. « Pour cinq des huit principales destinations d’envoi (Maroc, Algérie, Vietnam, Sénégal, Inde), la France est même la plus chère en Europe », détaille-t-elle.

Des frais de change cachés

Pour expliquer cet état de fait, l’UFC-Que Choisir adresse deux reproches aux sociétés en question, qui dénotent d’un déficit de concurrence entre elles. La première : leur opacité. En effet, « ni Western Union, ni MoneyGram n’informent lisiblement leurs clients de la perception de frais sur le change », c’est-à-dire sur la marge qu’elles ajoutent au taux de change interbancaire, alors même que ces « frais de change cachés » représentent 26% du coût total des transactions, soit 110 millions d’euros en 2017.

Second grief : le mode de facturation. « Alors qu’à l’étranger, plus les volumes échangés entre deux pays sont importants, plus les tarifs sont faibles, ce n’est pas le cas en France », déplore l’UFC-Que Choisir. « Par exemple, alors que l’Algérie constitue en volume la deuxième destination d’envoi depuis notre pays, les tarifs sont 64% plus chers que la moyenne des frais de transferts depuis la France. »

Le « double jeu » de La Banque Postale

Dans son communiqué, l’UFC-Que Choisir cible également La Banque Postale, accusée de jouer un « double jeu » : « Alors que La Poste dispose de son propre service de transfert proposé à un tarif réduit, la prestation Western Union qu’elle distribue également est systématiquement plus chère que la concurrence. Ainsi un transfert vers la Chine est facturé 26,70 €, un niveau 33% supérieur à la moyenne du marché et même 125% plus élevé que cette même prestation réalisée directement auprès de Western Union. » Autre dysfonctionnement pointé, la disproportion « édifiante » de la dégressivité appliquée par La Banque Postale dans le cadre de cette offre : « Pour un transfert d’un montant de 100 euros, la prestation coûte 10% du montant envoyé et jusque 25% pour une opération de 20 euros ».

Une plainte déposée

Comme à son habitude, l’UFC Que Choisir a choisi de porter la question devant la justice. L’association annonce avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République contre Western Union et Moneygram pour « pratiques commerciales trompeuses ».

Elle appelle également les pouvoirs publics à « créer les conditions d’une concurrence salutaire sur ce marché ». A l’image de l’effort législatif entamé par Bruxelles pour réguler les transferts d’argent au sein de l’Union européenne, l’association demande notamment « l’encadrement de la tarification des opérations de transfert », y compris pour « les territoires français qui ne disposent pas de la monnaie unique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française, Wallis et Futuna), et « l’harmonisation de l’information précontractuelle avant l’initiation d’un transfert d’argent dans laquelle doit figurer le tarif réel du transfert prenant en compte les frais de change appliqués ».