Une proposition législative de la Commission européenne compte imposer aux établissements financiers d’afficher, avant toute opération de paiement ou de retrait en devises au sein de l’Union européenne, le niveau des frais de change qui seront appliqués.

C’est une avancée potentielle qui devrait intéresser les voyageurs. Dans une proposition législative publiée fin mars, la Commission européenne envisage de demander aux établissements financiers la « transparence la plus complète en matière de frais de change lorsque les consommateurs payent par carte dans un pays où n'a pas cours la même monnaie que la leur », explique Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé des services financiers, dans un communiqué.

Concrètement, si le texte est adopté en l’état, les consommateurs européens qui paient ou retirent dans l’UE dans une autre devise que la leur - par exemple un touriste français en voyage au Royaume-Uni, en Pologne, au Danemark, en Hongrie, en République tchèque ou en Suède, autant de pays qui n’ont pas adopté l’euro - devront être informés, avant l’opération, du montant des frais de change qui leur seront facturés. « De cette façon, les consommateurs seront en mesure de comparer le coût des différentes offres de conversion monétaire pour procéder à un choix équitable », détaille un communiqué de la Commission.

Cette mesure vise en particulier le « change dynamique », une pratique qui consiste à proposer à un voyageur de payer ou de retirer dans la devise du pays où il se trouve, mais d’être débité dans la devise de son pays d’origine. Une option qui permet d’échapper aux frais facturés par sa banque, mais dirige souvent le voyageur « de manière déloyale vers l'offre de conversion monétaire la plus coûteuse », note la Commission.

Des paiements transfrontières moins chers

Autre mesure incluse dans la proposition, la Commission souhaite que « les frais perçus sur des paiements transfrontières en euros [soient] identiques à ceux qui seraient appliqués à des paiements nationaux équivalents effectués dans la monnaie locale ». « Par exemple, un virement transfrontière en euros depuis la Bulgarie coûtera autant qu'un virement national en leva bulgares », poursuit le communiqué de l’institution.

A l’heure actuelle en effet, « (…) les frais qui grèvent un simple virement peuvent être exorbitants dans certains États membres hors zone euro (jusqu'à 24 euros pour un virement de 10 euros). Cet état de fait crée un fossé immense entre les résidents de la zone euro qui bénéficient de la monnaie unique et ceux hors zone euro qui ne peuvent effectuer des opérations peu coûteuses qu'au sein de leur propre pays ». Grâce à sa proposition, « ces frais seront ainsi ramenés à quelques euros, voire quelques [centimes] », espère la Commission.

« Une grande victoire pour les consommateurs européens »

« Ce prolongement de la réglementation actuelle est une grande victoire pour les consommateurs européens », se réjouit dans un communiqué Grégory Talon, porte-parole de TransferWise, une fintech britannique spécialisée dans les transferts d’argent internationaux.

Le texte, toutefois, n’est encore qu’au stade de la proposition. Il doit encore être soumis au Parlement européen et au Conseil avant adoption. Grégory Talon reste donc vigilant : « Dans les mois à venir il y aura certainement des tentatives pour diluer les propositions de ce projet. Nous devons donc veiller à ce que ces changements soient appliqués dans toute l’Europe. »