Standard & Poor’s a abaissé ce matin les notes de crédit à long terme de la Caisse des Dépôts, de BPCE, de la Société Générale et du Crédit Agricole. Parmi les banques systémiques, seule celle de BNP Paribas est maintenue.

Cette série des dégradations est, comme l’explique un communiqué de la Société Générale, « une conséquence directe de la méthodologie de SP, qui intègre à [la] note long terme un facteur de soutien systémique de l'Etat français (...). » L’agence de notation américaine estime en effet qu’en cas de difficultés d’une de ces grandes banques, l’Etat viendrait à coup sûr à sa rescousse.

Parmi ces banques reconnues comme systémiques, une fait toutefois exception : BNP Paribas. Après avoir un temps songé à les abaisser, S&P a finalement confirmé ses notes, qui restent fixées à AA- pour la dette long terme et A-1+ pour la dette court terme. BNP Paribas reste donc l'une des banques européennes les mieux notées, et l'une des rares à conserver un double A.

Selon l’agence, ce maintien traduit la position commerciale « très solide » de BNP Paribas, sa très bonne gestion du risque et sa liquidité « adéquate », même si ses résultats, ses fonds propres et sa capacité de refinancement ne sont que « moyens ». Toutefois, les perspectives d'évolution sont « négatives », ce qui implique qu'un abaissement reste possible à moyen terme. Il est même certain, prévient l'agence, en cas de nouvelle dégradation de la note française.

Caisse des Dépôts

« Tout changement de la note souveraine de la France ou de sa perspective aurait pour conséquence immédiate un changement similaire pour la CDC » a écrit Standard & Poor’s dans une note publiée ce matin. C’est donc sans surprise que l’agence a retiré à la CDC, bras armé de l'Etat dans le domaine financier, sa note maximale AAA pour l’abaisser d'un cran, à AA+.

Sa note court terme reste fixée à A-1+, mais la perspective d'évolution des deux notes est négative, reflétant encore celle du pays, ce qui implique qu'une nouvelle baisse est possible à moyen terme.

BPCE

La note de crédit long terme du groupe BPCE, qui regroupe notamment les Banque Populaires et les Caisses d’Epargne, passe à A contre A+ auparavant, avec une perspective stable qui reflète, selon l’agence, sa capacité à maintenir une « forte » position commerciale et à faire face à des conditions de marché de plus en plus difficiles. La note de crédit court terme de BPCE est maintenue à A-1.

S&P a en outre abaissé d'un cran les notes à long et court termes du Crédit Foncier de France (CFF), filiale « hautement stratégique » de BPCE, désormais classées A- et A-2, ainsi que la note long terme de l’autre filiale cotée Natixis, qui passe à A.

L'agence table pour le groupe sur des revenus 2011 et 2012 en-deçà de son potentiel mais qui devraient toutefois permettre « une amélioration graduelle de ses ratios de capital ». Par ailleurs, l’éventualité d'une nouvelle dégradation d'un cran de la note souveraine de la France ne devrait théoriquement pas entraîner d'abaissement supplémentaire de celle de BPCE.

Société Générale

La note long terme de la Société Générale, placées sous surveillance négative dès le 7 décembre, passe de A+ à A, avec une perspective stable. Sa note à court terme, A-1, a été confirmée. Selon S&P, cette note reflète la « solide » position de la banque française, son « adéquate » exposition aux risques et en matière de liquidités, mais aussi un niveau « moyen » de capital et de revenus.

L’agence prévoit que la banque devrait « publier des résultats hors exceptionnels pour 2011 et 2012 satisfaisants, même s'ils seront amoindris ». Selon elle, le résultat opérationnel devrait notamment pâtir de volumes plus faibles et de résultats inférieurs dans la banque d'investissement.

Crédit Agricole

La note à long terme de Crédit Agricole SA (CASA) passe à A contre A+ auparavant, avec une perspective stable. Sa note à court terme a été confirmée à A-1.

S&P estime ainsi que l'établissement devrait renforcer ses fonds propres dans les deux prochaines années et que sa performance opérationnelle devrait faire preuve d'une robustesse satisfaisante, en dépit de la dégradation de la conjoncture. Elle considère également que le groupe dispose de suffisamment de ressources pour compenser d'éventuelles pertes supplémentaires de ses activités grecques.

Selon l’agence, la banque verte pourrait déprécier à hauteur de 2,5 milliards d'euros les écarts d'acquisitions existant sur certaines filiales et la valeur de certaines participations, sans que cela n’affecte le jugement de SP sur son niveau des fonds propres. S&P a également intégré dans la nouvelle note le fait que des facteurs négatifs exceptionnels devraient peser sur le résultat 2011 à hauteur de 500 millions d'euros et qu'une somme pratiquement équivalente est envisageable pour 2012.