Dans le cadre de nos « Trophées de la Banque – Tarifs Pros », nous avons épluché les tarifs applicables aux professionnels dans 107 banques traditionnelles ou en ligne. Le constat est sans appel : la note est salée dans les enseignes classiques, mais peut aussi vite grimper chez les acteurs en ligne, selon l'usage du compte.

Lignes « inventées » spécialement pour les professionnels, services qui existent aussi chez les particuliers mais qui bizarrement coûtent plus cher aux pros... Une chose est certaine : quelle que soit la banque choisie, préparez-vous à mettre la main à la poche.

Banques traditionnelles : mêmes services, tarifs plus élevés

De prime abord, il serait tentant d'expliquer les tarifs élevés appliqués aux professionnels en mettant en avant les spécificités de cette clientèle : des flux plus importants, une gestion complexe avec des virements groupés, des encaissements, des financements (affacturage, escompte)... Pourtant, alors que ces opérations, propres aux professionnels, font bien l'objet d'une tarification spécifique, les lignes communes avec les particuliers, elles, explosent aussi. L'exemple le plus flagrant est sans doute les frais annuels de tenue de compte : alors qu'un particulier s'en sortira pour une trentaine d'euros par an au maximum, aucune banque traditionnelle ne facture cette prestation moins de 120 euros par an aux professionnels. Et le tarif peut grimper jusqu'à 856 euros chez LCL. Des coûts, donc, au moins multipliés par 4, pour un service qui nous semble assez similaire entre un particulier et un entrepreneur avec un faible chiffre d'affaires et peu d'opérations sur son compte.

Un autre exemple est l'abonnement aux services de banque en ligne (via internet et application mobile), qui permet aux clients de consulter et gérer leur compte en toute autonomie. Si ce service est gratuit dans les banques en ligne, les banques traditionnelles le facturent quasi systématiquement à leur clientèle professionnelle (contrairement aux particuliers !). Il faut débourser par exemple 5,90 euros par mois à La Banque Postale, 46,20 euros par trimestre à la BRED Banque Populaire, et même 22 euros par mois chez SG. LCL donne gratuitement accès aux « services essentiels », mais il faut payer 5 euros par mois pour pouvoir effectuer des virements à des tiers – une opération qui apparaît pourtant essentielle dans l'usage d'un compte bancaire... Seuls une dizaine de Crédits Agricoles (Anjou Maine, Languedoc, Provence Côte d'Azur, Centre Loire, Touraine Poitou, Atlantique Vendée, Toulouse 31, Corse, Ille et Vilaine, Nord Midi Pyrénées) ne facturent aucuns frais pour cette prestation.

Les professionnels paient parfois aussi plus cher par exemple les frais pour l'exécution de chaque virement permanent : 0,21 euro au CIC, 1,40 euro au Crédit Mutuel Centre, 1,50 euro à La Banque Postale ou à la Caisse d'Epargne Aquitaine Poitou-Charentes, ou encore 1,75 euro au Crédit Agricole Charente-Périgord. Un virement standard ou un prélèvement effectué par un professionnel ne diffère pourtant pas de celui réalisé par un particulier, mais certains acteurs y voient l'occasion de ponctionner des frais.

Du côté des frais d'incident, le plafonnement des commissions d'intervention dont bénéficient les clients particuliers ne s'applique pas aux personnes agissant pour des besoins professionnels. Dès lors, les banques n'ont pas à limiter leur montant à 8 euros par opération, et à 80 euros par mois au total. La Société Générale facture donc 15 euros la commission d'intervention, sans limite par jour ou mois ; le Crédit Maritime Méditerranée affiche un tarif de 15,95 euros ; le Crédit Mutuel facture 17,30 euros (avec un plafond de 1 commission par jour), etc. A noter tout de même que chez les banques nationales, HSBC s'est alignée sur le plafonnement des particuliers.

Tarifs bancaires pros : dans l'enfer des brochures...

L'imagination au pouvoir pour créer de nouvelles lignes

En comparant les plaquettes des différentes banques avec agences, on constate rapidement que ces dernières n'hésitent pas à multiplier les lignes tarifaires pour un même objet, ce qui, très logiquement, fait grimper la facture.

Outre la tenue de compte, les professionnels se voient appliquer une ligne spécifique : la fameuse « commission de mouvement », qui correspond à un pourcentage appliqué sur toutes les opérations au débit (hors lignes issues de la banque), que le solde du compte soit débiteur ou pas.

Le suivi d'un compte pro intègre aussi par exemple une commission d'actualisation du dossier client, dont le montant annuel est très variable : aucun frais prélevé chez certains établissements mais jusqu'à 300 euros au Crédit Agricole Corse par exemple... Pourtant, difficile de savoir précisément quelles actions sont rémunérées par cette ligne car les brochures ne détaillent pas quels changements dans la vie des sociétés nécessitent une actualisation du dossier du côté de la banque...

On retrouve aussi une multiplicité des commissions s'agissant du découvert. En plus des frais annuels de gestion (ou renouvellement) du découvert et des intérêts débiteurs, aussi facturés aux particuliers, les professionnels paient en plus une commission sur le plus fort découvert. Selon la banque, peuvent s'ajouter une commission de non-utilisation du découvert, comme à La Banque Postale, ou une commission de confirmation, facturée par exemple au LCL et à HSBC. On trouve aussi des commissions de dépassement et d'immobilisation au CIC. L'objet de ces prestations n'est que rarement donné dans les plaquettes, rendant très difficile la compréhension de la tarification.

En contactant leur chargé d'affaires pour une étude personnalisée, les clients pros qui s'avèrent être de bons négociateurs parviendront peut-être à faire sauter quelques lignes de frais. Mais cette absence de transparence rend compliquée toute comparaison entre les banques du secteur. Ce qui, in fine, nuit au portefeuille des professionnels.

Tarifs bancaires Pros : quelle banque est la moins chère pour les professionnels ?

Comptes pros en ligne : les prestations coûteuses

Les banques en ligne et fintechs spécialisées dans les comptes professionnels sont souvent plus compétitives que leurs homologues traditionnels. En effet, pour une dizaine d'euros hors taxes par mois pour les offres d'entrée de gamme, leurs clients peuvent disposer d'un compte avec carte à gérer en ligne ou sur application. Le forfait mensuel inclut la tenue du compte et un certain nombre d'opérations gratuites chaque mois : virements, prélèvements, retraits aux distributeurs... De plus, la grande majorité des acteurs en ligne ne facture pas de commission de mouvement. Mais malgré des tarifs bien plus faibles que dans une banque physique, on retrouve tout de même le même phénomène : les offres en ligne pour les pros sont souvent plus chères que celles dédiées aux particuliers. Pour reprendre un exemple cité plus haut, certaines fintechs, comme Qonto ou Shine, facturent aussi les virements et prélèvements, passé un certain nombre effectué dans le mois, qui varie selon l'offre choisie (0,40 euro à partir du 31e virement – chez Blank c'est même 1 euro au-delà de ce seuil).

Par ailleurs, un professionnel qui ouvrirait un compte en ligne sans avoir au préalable identifié ses besoins pourrait avoir une mauvaise surprise s'il effectue régulièrement certaines actions. Par exemple, les retraits sont facturés 2 euros pièce avec la carte classique chez Qonto ou Anytime, et 1 euro chez Blank. Mais les opérations les plus coûteuses chez ces acteurs sont les dépôts de chèques et d'espèces, quand elles les proposent. Les offres de ces établissements étant basées sur la gestion autonome, toute intervention d'un conseiller est nécessairement facturée au prix fort. Ainsi, Blank facture 0,90 euro à partir du 4e chèque par mois, Shine 2 euros à partir du 3e chèque par mois (même chose pour Qonto avec sa formule Smart), Monabanq prélève 1,50 euro à partir du 19ème chèque déposé dans le trimestre, tandis que manager.one facture 20 euros par chèque au-delà du 6e par an !

S'agissant du dépôt d'espèces, Shine prélève une commission de 4% HT sur le montant déposé (mais 1, 2 ou 5 dépôts d'une montant maximum sont inclus chaque mois selon la formule choisie). Monabanq fait payer 6 euros à partir du deuxième dépôt dans le trimestre. Fiducial Banque facture 17 euros par remise. Certaines banques en ligne réservent d'ailleurs leurs offres aux entreprises individuelles, dont les besoins sont en général moindres qu'une grosse entreprise. C'est le cas de Monabanq, Hello bank et BoursoBank, notamment.

Les Trophées de la Banque - Tarifs pros 2024