Les banques françaises ne cessent d’enrichir leurs brochures tarifaires de nouveaux produits et services : 12 par enseigne, en moyenne, en 2020. Ils sont malheureusement rarement gratuits. Voici un florilège de ces nouveautés pour lesquelles il va falloir payer.

Comme toutes les industries, celle de la banque de détail innove. Chaque année, elle lance ainsi de nouveaux produits, de nouveaux services, qui viennent enrichir - certains diront alourdir - leurs brochures tarifaires. Le phénomène est loin d’être anecdotique : entre début 2019 et début 2020, l’Observatoire des tarifs bancaires de la Banque de France, qui vient de publier son rapport 2020, a ainsi détecté 1 409 nouvelles lignes tarifaires dans les grilles des 109 banques suivies. Soit toute de même 12, en moyenne, par établissement. Deux fois sur trois, ces nouveaux services appartiennent au domaine de la banque au quotidien, et sont donc conçus pour améliorer votre expérience au jour le jour. À condition, bien sûr, de les acheter.

Les virements instantanés (entre 0 et 5 euros pièce)

Ça y est ! Les banques ont eu du retard à l’allumage, mais près de trois ans après son lancement, en novembre 2017, le virement SEPA instantané est désormais présent dans l’essentiel des brochures tarifaires. Seuls 37 établissements (sur les 109 recensés par l’Observatoire) manquent à l’appel.

Ce nouveau service en voie de généralisation apporte une réelle plus-value : il permet en effet de transférer de l’argent de compte à compte en 10 secondes, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, quand un virement traditionnel met au mieux une douzaine d’heures, souvent 24 heures, hors week-ends et jours fériés, pour être crédité. Logiquement, les banques ont la tentation de le faire payer. C’est le cas pour les virements réalisés en agence ou par téléphone, donc par l’intermédiaire d’un conseiller : ils coûtent en moyenne 4,56 euros pièce début 2020. Généralement payants également, les virements instantanés initiés depuis internet : seules 7 banques font exception. Ailleurs, ils coûtent entre 0,50 et 1 euro, avec une moyenne à 0,69 euro.

Il n’est pas impossible, en revanche, que la gratuité s’impose pour les virements initiés depuis un mobile. C’est déjà le modèle dominant, dans plus de 80% des établissements affichant un tarif pour cette ligne (39 sur 48). Vigilance toutefois : certaines banques limitent cette gratuité aux virements instantanés de petit montant (souvent moins de 300 euros). Chez celles qui font payer, le prix oscille entre 0,80 et 1 euro.

Des virements internes parfois payants !

Attention ! Quelques banques - le réseau des Caisses d’épargne, la Banque de Savoie et le Crédit agricole Alpes Provence - font payer les virements instantanés internes, c’est-à-dire entre comptes ouverts dans la banque. Et ce n’est pas donné : la Caisse d’Epargne Ile-de-France, par exemple, facture 5 euros en agence, et 1 euro via l’application mobile si le montant dépasse 300 euros.

Les packages pour voyageurs (de 24 à 216 euros par an)

Longtemps, faire des achats par carte ou retirer de l’argent à l’étranger était synonyme de coup de bambou. C’est toujours un peu le cas : en moyenne, un retrait en devises de l’équivalent de 100 euros coûte encore 5,60 euros.

Les voyageurs, toutefois, font de plus en plus l’objet d’attentions des banques. Notamment depuis l’arrivée en France de néobanques comme Revolut, qui ont cassé les prix. Les banques en ligne - Boursorama, Fortuneo, Hello Bank, ING - ont déjà réagi en généralisant la gratuité des opérations à l’étranger réalisées avec certaines de leurs cartes bancaires.

À consulter : Comment obtenir une carte bancaire gratuite ?

C’est désormais au tour des banques traditionnelles de s’y mettre, sous la forme de packages ou d’options payantes. Le Crédit Agricole a ainsi lancé en 2020 une offre baptisée Globe Trotter. Facturée 2 euros par mois, elle permet de retirer et payer à l’étranger gratuitement et sans limites. A condition d’avoir entre 18 et 30 ans. Certaines Caisses d’épargne disposent désormais d’une « option internationale Séjour + », avec gratuité totale des opérations à l’étranger, mais moyennant cette fois 18 euros par mois ! Autre exemple : la Société Générale a lancé une « option voyageur » qui offre une exonération partielle, moyennant 26 euros par an.

Les exonérations d’agios (de 42 à 79,20 euros par an)

Traditionnellement, les banques accordent à leurs clients des autorisations de découvert (parfois payantes, souvent incluses dans des packages) et leur facturent ensuite, à part, l’usage de cette autorisation, sous la forme d’intérêts débiteurs, ou agios, en fonction du montant et de la durée du passage dans le rouge.

En 2020, l’Observatoire des tarifs bancaires a constaté la montée en puissance de nouvelles manières de facturer ces découverts. Les Caisses d’épargne, notamment, ont généralisé des options spécifiques, incluant une autorisation de découvert et une exonération d’agios. Leur prix, toutefois, est loin d’être négligeable, rapporté au coût généralement limité d’un découvert autorisé : 42 euros par an pour une autorisation de 500 euros maximum, et 79,20 euros pour 1 000 euros.

Des nouveaux services gratuits, aussi

Tous les nouveaux services ne sont pas payants. Les nouvelles brochures tarifaires sont même l’occasion, pour les banques, d’une « mise en lumière (…) de [la] gratuité » de certains d’entre eux, note le rapport 2020 de l’Observatoire, qui en cite quatre : l’agrégation de comptes, c’est-à-dire la possibilité d’importer des données issues de comptes détenus dans d’autres banques ; les alertes en cas de solde débiteur ou de rejet d’opération ; l’usage de l’application mobile et du site web ; l’authentification renforcée des paiements à distance enfin.

Les banques de détail ont toutefois de bonnes raisons de ne pas faire payer pour ces nouveaux services. Dans le cas des alertes sur solde, elles agissent sous pression des pouvoirs publics, qui leur ont demandé de renforcer les efforts pour prévenir les difficultés financières de leurs clients. Quant à l’authentification renforcée des paiements à distance, sa mise en place a été rendue obligatoire par un texte européen, la directive révisée sur les paiements (DSP2), qui s’est donné pour mission de sécuriser vos comptes bancaires et vos paiements.

Promouvoir la gratuité de leur application mobile permet aux banques d’encourager leurs clients à la télécharger. Ce faisant, elles les poussent à devenir plus autonomes dans la gestion de leur compte, et donc à moins recourir aux agences et aux plateformes téléphoniques. Enfin, en leur permettant d’élargir leur vision de votre situation financière, l'agrégation de comptes constitue pour les banques un formidable gisement de renseignements sur vos besoins et vos projets, qu’elles vont pouvoir utiliser pour vous proposer des nouveaux services et produits. Qui, eux, vous seront facturés.

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