La semaine passée, les banques françaises se sont engagées, devant le ministre de l’Economie, à utiliser les alertes sur mobile pour informer l’ensemble de leurs clients sur l’état de leurs comptes. Dans les faits, ce service est déjà quasi-généralisé, mais à des tarifs et avec des pratiques très hétérogènes.

Lundi 3 septembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, présentait à la presse les engagements qu’il avait obtenus de la part des banques françaises « en faveur de la maîtrise des frais d’incidents bancaires » : élargissement de l’audience de l’offre spécifique clients fragiles, plafonnement des frais pour les bénéficiaires de cette offre et renforcement des actions destinées à prévenir les incidents de paiement. Parmi les outils de prévention cités, les « services d’alerte et d’information sur la situation du compte courant », que les banques se sont engagées « à mettre à disposition de tous leurs clients ».

Voilà une promesse qu’elles n’auront pas beaucoup de mal à remplir : les alertes par SMS, en effet, existent déjà presque partout, et figurent même dans l’extrait standard des tarifs, cette liste des 11 services les plus fréquemment facturés que les banques doivent placer en exergue de leurs brochures tarifaires.

Un service déjà proposé dans 96% des banques

Selon le comparatif cBanque des tarifs bancaires, près de 96% des enseignes proposent à leurs clients de leur envoyer des alertes par SMS ou par mail. Seules 5 font exception : Banque Marze, Crédit Maritime Méditerranée, Banque Dupuy de Parseval, Milleis Banque et Allianz Banque. Dans la grande majorité des cas (113 sur 131), ce service est payant.

Plus d’infos sur les tarifs des alertes SMS

Au forfait ou à la pièce

Si le projet du gouvernement est de généraliser les alertes par SMS, il arrive donc un peu tard : c’est déjà le cas. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à améliorer, bien au contraire. Car dans les faits, la tarification et l’usage de ce service restent très hétérogènes.

Les bonnes élèves en matière tarifaire sont les banques 100% en ligne. Les alertes SMS y sont en effet gratuites et en nombre illimité (1). Quelques enseignes (Axa Banque, certains Crédits Agricoles) les offrent jusqu’à un certain volume (de 4 à 10 par mois selon les cas) puis facturent les suivantes, à partir de 0,30 euro l'unité. La majorité des enseignes optent pour des forfaits, payables au mois ou à l’année, intégrant ou non une limite en nombre. Enfin, certaines banques en restent à la facturation à l’unité, entre 0,20 et 0,75 euro pièce.

Attention toutefois : ces tarifs concernent les alertes SMS vendues à la carte. En règle générale, le service est aussi intégré dans les forfaits de compte, ou packages, qui équipent une majorité de Français.

Des usages très variés

Mais plus encore que les tarifs, ce sont les usages faits des alertes SMS qui varient. Chez les meilleurs élèves, les clients sont avertis, par défaut et en temps réel, quand leur compte courant passe dans le rouge, lorsqu’un chèque est crédité ou qu’un paiement à l’étranger est effectué. Mais ils peuvent aussi définir eux-mêmes les cas de figure où ils souhaitent recevoir un message : par exemple quand une opération supérieure à un montant pré-défini est créditée ou débitée.

A l’autre bout du spectre, certaines banques se contentent du service minimum : l’envoi, une fois par semaine, d’une information sur le solde du compte. Celles-ci feront-elles l’effort d’améliorer leur offre pour aider leurs clients à éviter les incidents de paiement ? Rien ne les y engage en tout cas : les alertes SMS sont ainsi absentes du « bon usage professionnel », document publié mardi par le secteur bancaire pour cadrer la mise en œuvre sur le terrain de leurs promesses.

Lire sur le sujet : Frais d'incidents : chaque banque choisira son plafond

(1) Fortuneo est la seule à facturer les alertes, au-delà de la dixième par mois calendaire, au prix de 2,50 euros par tranche de 10 SMS.