Les chiffres de la construction de logements en 2023 ont été « cataclysmiques », s'est alarmée jeudi la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), craignant que les annonces du gouvernement pour relancer l'activité ne tombent « à côté » de leurs problèmes.

Les réservations de logements neufs enregistrées par les promoteurs, particuliers et investisseurs compris, sont tombées au-dessous de la barre des 100.000, à 94.828. Soit une baisse de 26% par rapport à 2022, et de plus de 40% par rapport à l'avant-pandémie de Covid-19.

Dans le détail, ce sont les réservations des particuliers, en baisse de 38,4% sur un an, qui font chuter le total, tandis que les ventes en bloc, aux investisseurs et bailleurs sociaux, rebondissent légèrement sous l'effet d'un plan de rachat de chantiers en berne impulsé par le gouvernement. Les mises en vente de nouveaux logements ont elles aussi dégringolé, de 32,7% (70.734).

Logement : est-ce la fin de l'immobilier neuf ?

L'immobilier neuf traverse une crise profonde

« Nous n'avons plus de demande, et donc nous ne mettons plus rien à l'offre », a expliqué le président de la FPI, Pascal Boulanger. « En 2024, si ça continue, ce sera encore plus bas, parce que je connais peu de promoteurs qui veulent construire actuellement ».

L'immobilier neuf traverse une crise profonde. Les coûts des chantiers ont augmenté, sous l'effet de l'inflation des matériaux de construction et du durcissement des exigences environnementales, et la demande a dévissé, du fait de conditions défavorables pour emprunter et de la fin de niches fiscales favorables à l'investissement.

Mercredi, le Premier ministre Gabriel Attal, qui a « décrété l'urgence pour le logement », a promis des mesures visant à faciliter les surélévations d'immeubles, la construction de maisons supplémentaires sur des terrains déjà occupés, ou la transformation de bureaux en logements.

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Le problème de la demande

« Quand le Premier ministre dit, hier, « on va remettre plein de facilités pour recréer de l'offre », merci monsieur le Premier ministre, (mais) ce n'est pas le sujet », a rétorqué Pascal Boulanger. « Notre problème, c'est pas ça, c'est la demande », a-t-il ajouté, se demandant si cette salve de mesures « ne va pas taper à côté ».

Pascal Boulanger a également craint une « perte de savoir-faire » dans la profession, les promoteurs supprimant des emplois. « On sait que ça ne va pas bien, il y a quelques majors qui font des PSE (plans de sauvegarde de l'emploi, NDLR), il y a quelques promoteurs qui ont été défaillants », a-t-il ajouté, sans donner de noms ou de chiffres.