Parmi les mesures annoncées par le gouvernement pour provoquer un choc d'offre de l'immobilier, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a déclaré vouloir entamer avec les banques des discussions autour du prêt in fine. On vous explique.

Redonner du pouvoir d'achat immobilier aux Français. Voici la ligne adoptée par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dans une interview donnée au Parisien lundi 12 février. Pour ce faire, le ministre estime que « les banques doivent fournir des efforts. Cela passe par de nouveaux dispositifs de financement, je pense aux prêts « in fine » ou « hypothécaires », comme cela existe déjà en Suisse où ça fonctionne très bien. »

Pour rappel, lorsque vous souscrivez un crédit immobilier classique, chaque mensualité permet de rembourser une part du capital emprunté. Dans le cadre d'un crédit in fine, les échéances ne comportent que des intérêts et les éventuelles cotisations d'assurance. Le capital restant dû par l'emprunteur ne diminuant pas tout au long du financement, les intérêts sont calculés chaque mois sur la même base, et ce montant reste identique pendant toute la durée du crédit. Ce n'est qu'à la dernière mensualité que le capital emprunté est intégralement remboursé.

Le crédit in fine, « très rarement opportun » pour l'accession à la propriété

De son côté, Christophe Béchu imagine un crédit sur le principe suivant : « Vous voulez acheter un bien, vous souscrivez un crédit sur 20 ou 25 ans non pas sur 100% du prix mais sur 80%, que vous remboursez classiquement au fil du temps. Les 20% restants demeurent sous forme d'hypothèque sur lesquels vous ne remboursez que les intérêts et non le capital. Celui-ci ne sera remboursé qu'à la revente. » Ce que propose le ministre est donc plutôt un dispositif hybride entre le prêt immobilier classique et le prêt in fine ou hypothécaire.

Le problème, c'est qu'à caractéristiques égales (montant, taux, durée) un crédit in fine génère un montant total d'intérêts débiteurs plus important qu'un prêt classique. Par exemple, pour un montant emprunté de 300 000 euros, à un taux de 4% sur 20 ans (sans prendre en compte l'assurance emprunteur ou les divers frais du crédit), l'emprunteur contractant un crédit in fine remboursera au total 240 000 euros d'intérêts en plus de son capital emprunté. À l'inverse, le montant des intérêts sur un prêt classique ne sera « que » de 136 305,88 euros.

Difficile donc de voir cette annonce comme une amélioration pour les emprunteurs aujourd'hui en difficulté. « En France, les prêts in fine peuvent parfois être opportuns dans certaines opérations patrimoniales ou d'investissement locatif et très rarement en accession à la propriété », rappelle d'ailleurs la Fédération bancaire française.

Pour autant, rien n'est encore gravé dans le marbre, cette idée n'en étant aujourd'hui qu'à ses balbutiements. « Christophe Béchu va rencontrer l'ensemble des acteurs du secteur bancaire fin février pour en discuter », a expliqué le cabinet du ministre lundi soir.