Vous louez votre maison ou appartement sur Airbnb ? La fiscalité va bientôt évoluer. Comment ? Probablement de façon légèrement moins favorable, afin de rapprocher l'impôt pesant sur ces gains de celui qui s'applique à la location longue durée.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est dit « favorable » ce vendredi sur BFMTV à une réforme de la fiscalité très avantageuse des meublés touristiques type Airbnb, jugeant les effets d'aubaine « trop importants », alors que ces locations sont accusées d'aggraver le mal-logement sur le territoire.

« Sur Airbnb, on s'y est déjà attaqué, on a réduit la durée à 120 jours [la loi vous interdit de louer votre résidence principale plus de 120 jours par an via une plateforme touristique telle que Airbnb, Abritel ou Booking, NDLR] », a déclaré vendredi Bruno Lemaire sur BFMTV.

« Je suis ouvert à une réforme de la fiscalité sur les Airbnb pour qu'elle soit équivalente à celle d'autres logements »

Mais il s'est montré déterminé à lancer le chantier de la fiscalité des locations touristiques entre particuliers : « Ce qui m'interroge, c'est que nous gardions une fiscalité favorable pour les Airbnb. Je suis ouvert à une réforme de la fiscalité sur les Airbnb pour qu'elle soit équivalente à celle d'autres logements ».

« Nous allons travailler, faire des propositions à la Première ministre et au président de la République, mais j'ai du mal à comprendre la fiscalité très favorable qui s'applique aujourd'hui à Airbnb », a déclaré le ministre. « Nous réformerons cette fiscalité. La seule question est celle de la justice : à partir du moment où il y a des effets d'aubaine trop importants, une fiscalité trop favorable, il n'y a pas de raison de garder cette fiscalité qui conduit à des excès », a-t-il ajouté.

Une proposition de loi transpartisane visant à réguler les locations meublées a été reportée sine die alors qu'elle devait être examinée mi-juin à l'Assemblée nationale. Elle visait entre autres à resserrer le barème des abattements fiscaux accordés en cas de location de meublés de tourisme, en tenant compte de certains cas particuliers comme les stations de montagne.

Lors des conclusions lundi du volet logement du Conseil national de la refondation, la Première ministre Elisabeth Borne a toutefois annoncé une remise à plat de la fiscalité des locations, souhaitant que ce chantier « complexe » débouche « dans le prochain projet de loi de finances », attendu à l'automne, pour application au 1er janvier 2024.

Revenu médian en location Airbnb : 3 086 euros nets

Des centaines de milliers de Français louent un logement sur Airbnb. « En 2022, le revenu médian des hôtes grâce à leur activité sur Airbnb a été de 3 916 euros bruts (ce qui équivaut à 3 086 euros nets, après impôts et prélèvements sociaux) », selon une étude commandée par Airbnb France au cabinet Astérès.

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« Hôtes Airbnb : un gain de pouvoir d'achat supérieur à l'inflation en 2022 », étude Astérès pour Airbnb

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En quoi la fiscalité des locations Airbnb est-elle si avantageuse ?

La fiscalité de la location meublée diverge de la fiscalité applicable à la location longue durée « nue », non meublée : il n'est pas question ici de revenus fonciers (les loyers réguliers) mais de bénéfices non commerciaux.

LMP, LMNP ou le régime de la location meublée

« En 2022-2023, les hôtes peuvent bénéficier d'un abattement de 50% sur les revenus perçus quel que soit le type de location (chambre seule, hébergement entier en résidence principale ou secondaire) », explique le cabinet Astérès dans l'étude commandée par Airbnb sur les revenus de ses hôtes. Le régime simplifié, micro-BIC, comme présenté dans le tableau ci-dessous, est en effet « majoritaire chez les hôtes », précise Airbnb.

Si vous louez un logement via Airbnb, Abritel, etc.
Si vos recettes annuelles sont inférieures à 72 600 €Si vos recettes annuelles sont supérieures à 72 600 €
Option 1 : régime micro-BIC
Avantages : simplicité et abattement automatique de 50%

Régime réel d'imposition obligatoire
Déduction des charges pour leur montant excact

Option 2 : régime réel
(comme pour les « gros loueurs », voir ci-contre)

Tableau simplifié reprenant la fiche pratique de la DGFiP sur les locations courtes d'un logement meublé.

Cet abattement de 50% vaut pour la location de meublés classiques : seule la moitié de vos recettes est soumise à l'impôt sur revenu, les gains fiscalisés étant eux soumis au barème progressif de l'impôt.

Cet abattement de 50%, c'est moins que pour les meublés touristiques les mieux classés (jusqu'à 71% d'abattement pour les meublés de tourisme classés et chambres d'hôtes) mais mieux que pour la location d'un logement vide (30% d'abattement en micro-foncier jusqu'à 15 000 euros de gains annuels).

« Ces points seront déterminés à l'occasion du projet de loi de finances 2024 »

Quelle évolution probable de la fiscalité pour les locations Airbnb ?

Impossible, à ce stade, de répondre à cette question. Mais l'intention est claire : « Le but est d'inciter à la location de longue durée », répond sans ambiguïté Bercy au Figaro. Cela peut passer par une réduction de l'abattement actuel de 50% pour la location occasionnelle de logements meublés, à l'image de la mesure portée par la proposition de loi sur le sujet reportée sine die, qui portait aussi une réduction des montants donnant accès au régime fiscal simplifié micro-BNC.

Sollicité par MoneyVox, le ministère de l'Economie n'a à ce stade aucun commentaire supplémentaire à apporter suite aux déclarations de Bruno Le Maire : « Ces points seront déterminés à l'occasion du projet de loi de finances 2024. »

Airbnb, Abritel, HomeToGo... La réaction des plateformes

Vendredi 9 juin, quelques heures après cette prise de position de Bruno Le Maire, l'Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV), qui rassemble des plateformes de locations touristiques (Abritel, Airbnb, Amivac, Interhome, Vacances.Foncia.com, HomeToGo...), a réagi.

L'UNPLV estime « contradictoire » de vouloir « alourdir la pression fiscale pour des centaines de milliers de Français de la classe moyenne, quand l'objectif du gouvernement est de réduire les impôts ».

D'autres réactions. De son côté le principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration, l'Umih, a écrit vendredi au ministre de l'Economie pour demander, « en complément des mesures fiscales », que ces hébergements touristiques fassent l'objet d'un « inventaire exhaustif » et soient dotés d'un « numéro d'enregistrement centralisé ». Les collectivités doivent avoir « toute latitude » pour « réguler cette offre », dit l'Umih dans son courrier consulté par l'AFP, afin que puissent être remis « sur le marché, des logements pour les salariés », en particulier les saisonniers « qui ne trouvent plus à se loger à proximité » de leur travail.

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