Julien Carmona, président du Crédit Mutuel Arkéa, et Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel et de la fédération de l'Est, se sont affichés ensemble vendredi à l'assemblée générale du Crédit Mutuel Centre Est Europe, quelques semaines après un accord entérinant la fin de quinze ans de conflit entre les deux entités.

« C'est une paix, une réconciliation, qui ne souffre d'aucune ambiguïté », a salué sous les applaudissements Nicolas Théry sur la scène du Zénith de Strasbourg, devant environ 5 500 sociétaires de la plus importante fédération du Crédit Mutuel.

A ses côtés, Julien Carmona s'est dit « très heureux » d'être à Strasbourg pour « cette réconciliation qui fait chaud au cœur ». Les deux entités, qui se sont fait la guerre pendant des années, ont « beaucoup de valeurs communes, beaucoup de valeurs partagées », a-t-il ajouté.

En conflit depuis 2014

Cette rencontre, « inimaginable » il y a quelques années, selon un proche de Nicolas Théry, intervient trois semaines après la signature d'un accord historique.

Des tensions internes s'étaient mues en conflit juridique en 2014, opposant Crédit Mutuel Arkéa dont le siège est à Le Relecq-Kerhuon, près de Brest, et la CNCM, l'organe central qui chapeaute l'ensemble des fédérations du groupe. Le premier accusait le CNCM de centralisation et de favoritisme en faveur de l'autre entité dominante, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale (anciennement Crédit Mutuel CM-11), qui réunit aujourd'hui 14 fédérations. Nicolas Théry, président du groupe Crédit Mutuel est également le président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale.

En 2018, les relations s'étaient envenimées au point que la branche bretonne souhaitait s'émanciper du groupe, un projet mené par l'ex-président d'Arkéa, Jean-Pierre Denis, mais qui n'a jamais abouti.

Élu président de Crédit Mutuel Arkéa en 2021 en remplacement de M. Denis, Julien Carmona avait reconnu dans un entretien à l'AFP que « la tutelle du Crédit Mutuel, instituée par la loi, n'avait pas empêché Arkéa de se développer ». Tout en réaffirmant s'inscrire « sans aucune hésitation » dans le projet d'indépendance de sa banque, il dénonçait encore « une tendance à la centralisation ».

Mais les mois passant, et alors que le projet d'indépendance semblait au point mort, les discussions avaient repris à l'été 2022, avant d'aboutir début mai.