Le taux d'emprunt à dix ans de la France est passé pour la première fois de son histoire en territoire négatif mardi, y rejoignant le taux d'emprunt allemand de même échéance, qui fait référence, dans le sillage de propos du président de la BCE Mario Draghi.

A 14h21, heure française, le rendement obligataire de la France à échéance dix ans est tombé à -0,0012%, contre 0,104% lundi. Il a ensuite continué à se détendre jusqu'à -0,0018%, avant de remonter au-dessus de zéro. « Nous nous attendions à une journée relativement calme avant la Fed demain et puis Mario Draghi a fait une déclaration tonitruante à Sintra puisqu'il a clairement expliqué que la Banque centrale européenne n'hésiterait pas à agir si la conjoncture l'exigeait, que ce soit à travers une baisse des taux ou une reprise même du programme de quantitative easing [rachats massifs par une banque centrale de titres de dettes aux acteurs financiers, NDLR], qui avait été interrompu à la fin de l'année dernière », a expliqué auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

« De nouvelles réductions des taux directeurs et des mesures d'atténuation visant à en limiter les effets secondaires font toujours partie de nos outils », a indiqué le président de la BCE en ouverture du séminaire annuel de l'institution se tenant à Sintra, au Portugal. « Conséquence : nous assistons à une chute assez brutale des taux d'intérêt », a relevé Eric Bourguignon.

L'impact des propos de Mario Draghi

« Même s'ils étaient dans une tendance fortement baissière, il y a une accélération du processus » dans le sillage des propos de Mario Draghi, a-t-il ajouté. Outre le taux français à 10 ans, ceux de l'Autriche et de la Suède de même échéance sont également passés sous zéro, comme le Bund, qui évolue de nouveau en territoire négatif depuis la fin mars. « Nous n'attendions pas à ce stade un tel discours, surtout qu'il intervient peu de temps après les dernières déclarations de la BCE », a complété Eric Bourguignon.

Début juin déjà, lors de sa traditionnelle réunion de politique monétaire, l'institut de Francfort avait discuté d'une baisse des taux, maintenus à leur plancher historique depuis mars 2016, mais sans que cette perspective ne paraisse aussi concrète. Mario Draghi « avait été assez modéré dans ses propos, ne fermant aucune porte mais ne suscitant pas spécialement d'espoir exagéré alors que là, c'est plus qu'une préparation à une baisse des taux, c'est quasiment une déclaration de la prochaine baisse des taux et/ou de reprise du quantitative easing », a estimé Eric Bourguignon.