Depuis 2010, le nombre de banquiers millionnaires en Europe a progressé de 42%. La modération quant aux bonus, affichée par les banques au lendemain de la crise des subprimes, semble être de l’histoire ancienne.

Les banquiers millionnaires progressent en Europe ! Après avoir baissé de 10% en 2016, leur nombre a augmenté de 6% en 2017, pour s’établir à 4 859 personnes, d’après un rapport publié le 11 mars par l’Autorité bancaire européenne (EBA). L’accalmie de 2016 était donc temporaire. Car, depuis 2010, le nombre de banquiers gagnant plus d’un million d’euros par mois est en hausse de 42%.

Dans le détail, les trois quarts de ces très riches financiers résident au Royaume-Uni. La France compte, elle, 233 millionnaires à fin 2017, soit 28 de plus qu’en 2016. Les riches banquiers de l’Hexagone reçoivent en moyenne 1,7 million d’euros par an, salaire fixe, primes et bonus inclus, contre plus de 2 millions d’euros outre-Manche. Mais, avec 2,9 millions d’euros en moyenne, c’est en Autriche que les banquiers millionnaires sont les mieux payés.

S’agissant de leur mode de rémunération, la part variable de leur salaire est en baisse. En moyenne, elle pèse autant dans leur salaire que leur rémunération fixe. En revanche, dans le seul secteur de la gestion d’actifs, les primes et autres bonus sont en forte hausse ces dernières années. Ils représentent désormais 4 fois le salaire fixe. « Le ratio moyen de la rémunération variable sur la rémunération fixe y est ainsi passé de 358% en 2016 à 402% en 2017, dépassant toujours de loin le ratio maximal de 200% », écrit l’EBA dans son rapport sur les hauts revenus.

Les banques appellent à déréglementer les bonus

De quoi donc porter un regard critique sur les griefs des établissements européens rapportés au Conseil de stabilité financière en octobre 2018. A l’automne dernier, cet organe chargé de la surveillance des banques a en effet invité les responsables de 17 établissements bancaires internationales à une séance de travail sur les « Principes pour des pratiques saines de rémunération » adoptés en avril 2009 au lendemain de la crise des subprimes. Dans le compte-rendu publié le 8 mars dernier, le Conseil de stabilité financière souligne qu’« un certain nombre de banques ayant leur siège dans l’Union européenne ont exprimé leurs préoccupations concernant le plafond des bonus st son impact sur leur capacité à attirer des talents ».

Selon les banques européennes, les talents sont le facteur clé pour leur permettre de rester compétitives dans un environnement concurrentiel accru, avec l’arrivée des fintechs et des GAFAM. Cette crainte n’est pas propre à l’UE, elle est relayée par l’ensemble des enseignes interrogées par le Conseil de stabilité financière. De fait, s’agissant des bonus, les banques plaident pour leur déplafonnement. « Les banques ont souligné une préférence pour une approche fondée sur des principes plutôt que sur des règles », souligne ainsi le compte-rendu. Certains établissements préférant « gérer des règles du jeu inégales plutôt que de se conformer à des réglementations plus contraignantes ».