L'ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et désormais patron du groupe bancaire BPCE, François Pérol, a été renvoyé mardi en correctionnelle pour prise illégale d'intérêt, ont annoncé jeudi des sources proches du dossier et judiciaire.

Il lui est reproché d'avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du groupe issu du mariage entre la Banque populaire et la Caisse d'épargne (BPCE), alors qu'il avait suivi le dossier à l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint chargé des dossiers économiques. En effet, la loi interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a surveillée, avec laquelle il a conclu un contrat ou sur laquelle il a fait des propositions à l'autorité compétente dans les trois ans qui précèdent son passage du public au privé. François Pérol encourt une peine maximale de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende.

« On considère que cette étape est la suite logique de la procédure en cours et que les faits étudiés concernent les conditions de la nomination de François Pérol à la tête de BPCE et en aucune façon sa gestion en tant que dirigeant du groupe », a déclaré un porte-parole de la banque. « On rappelle qu'à ce sujet le conseil de surveillance du groupe lui a déjà renouvelé sa confiance à l'unanimité en février dernier lorsqu'il avait été mis en examen, pour son mandat qui court jusqu'en avril 2017 », a-t-il ajouté.

Les circonstances de sa candidature étaient « originales »

« C'est l'aboutissement d'un long combat judiciaire, visant à démontrer les pratiques de corruption mises en place au plus haut niveau de l'Etat sous le précédent quinquennat », a de son côté dit Jérôme Karsenti, avocat de l'association Anticor et de la CGT, qui avaient porté plainte. « Le procès qui s'annonce est également le procès du pantouflage et des pratiques de réseau. C'est tout le système du jeu des chaises musicales en violation totale de la loi, entre le monde de la finance et celui du pouvoir politique qui sera ainsi analysé à l'aune de ce procès. Ce renvoi devant le tribunal est une victoire du droit sur la puissance des réseaux », a-t-il poursuivi.

François Pérol avait convenu devant le juge Roger Le Loire que les circonstances de sa candidature comme président du directoire de la BPCE étaient « originales », avait expliqué une source proche du dossier. Selon des témoignages recueillis par les enquêteurs, l'ex-chef de l'Etat lui-même avait réuni à l'Elysée le 21 février 2009 les patrons des deux banques qui devaient fusionner, pour leur dire qu'il entendait que François Pérol prenne la tête du nouvel ensemble.