Dans un entretien à Libération, l'ex-trader de la Caisse d'Epargne Boris Picano-Nacci, condamné lundi à rembourser 315 millions d'euros en dommages et intérêts, affirme ressentir un « fort sentiment d'injustice » et s'interroge sur le sens d'une telle condamnation.

« Quel sens cela a-t-il de condamner quelqu'un à une telle somme ? C'est absurde tellement c'est astronomique », affirme l'ancien trader, également condamné à deux ans de prison avec sursis pour « abus de confiance ». « Aujourd'hui, je suis au chômage et je ne touche aucun revenu, mais si demain je retravaille et gagne 3.000 euros par mois, je ne sais pas combien de temps il me faudra pour rembourser 315 millions d'euros... ».

Comme dans l'affaire Kerviel, la justice l'a condamné à des dommages et intérêts couvrant l'intégralité des pertes qui lui sont imputées. « Je ressens un fort sentiment d'injustice. J'ai l'impression d'avoir fait mon travail, tout le monde s'accorde sur le fait que je n'ai rien dissimulé, et je me retrouve condamné comme un délinquant », déplore Boris Picano-Nacci, qui estime que le tribunal a pris pour « argent comptant ce que déclarait la banque, sans le vérifier ». Il a ainsi indiqué qu'il envisageait « sérieusement » de faire appel mais se « laisse quelques jours de réflexion ».

Ce jugement est intervenu trois mois après la condamnation en appel de l'ancien trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, à cinq ans de prison, dont trois ferme, et au remboursement des 4,9 milliards d'euros de pertes dont il a été reconnu responsable par la justice.