103 usagers, qui veulent récupérer des fonds bloqués depuis la fermeture de leurs comptes, engagent un recours collectif contre Lydia. L'application de paiement affirme mettre en œuvre ses obligations en matière de lutte contre la fraude et le blanchiment.

Mise à jour, jeudi 21 avril 2022

Le cabinet Ziegler et Associés nous a informé, le jeudi 21 avril 2022, que le recours collectif contre Lydia était abandonné.

Les nouveaux acteurs du paiement sont-ils victimes de leur succès ? Après N26, c'est au tour de Lydia, application de paiement revendiquant 6 millions d'utilisateurs, de subir les foudres d'une poignée d'entre eux. Dans un communiqué daté du 21 février dernier, le cabinet d'avocats Ziegler et Associés a, en effet, annoncé avoir décidé de « mener un recours collectif en pré-contentieux » contre la plateforme française, rassemblant une centaine d'usagers s'affirmant dans l'incapacité de récupérer leur argent après la clôture de leurs comptes.

Selon Maître Jocelyn Ziegler, en charge du dossier, 103 utilisateurs de Lydia participent à ce jour au recours. Le préjudice est « compris entre 300 et 8 000 euros selon les utilisateurs », explique l'avocat, qui n'a pas encore effectué de « chiffrage total ». Moyennant le paiement de frais de 95 euros hors taxe par participant, l'avocat va expédier en leur nom une lettre de mise en demeure, demandant à Lydia de leur restituer leurs fonds sur le champ. En cas d'échec de cette tentative de règlement à l'amiable, l'affaire pourrait être portée devant un tribunal judiciaire, annonce l'avocat.

Des usagers laissés sans nouvelles

Qu'est-ce qui, précisément, est reproché à Lydia ? Selon Maître Ziegler, les participants au recours collectif ont tous subi des fermetures de comptes sans préavis, probablement suite à des transactions jugées suspectes et de signalements transmis à Tracfin, la cellule du ministère de l'Economie chargée de lutter contre la fraude, le blanchiment et le financement du terrorisme. Jusqu'ici, rien à lui reprocher, au contraire : en tant qu'agent d'établissement de paiement, Lydia a, comme les banques traditionnelles, une obligation de vigilance sur les opérations transitant sur les comptes de ses utilisateurs. Elle est donc fondée à demander des justificatifs pour certaines transactions inhabituelles, notamment par leur montant, et, le cas échéant, à clore les comptes concernés, sans préavis ni justification.

Dans ce cas de figure, l'établissement doit toutefois proposer à l'utilisateur un moyen de récupérer l'argent présent sur le compte clos. C'est ce qu'a fait Lydia, en proposant aux clients éconduits de lui transmettre un numéro de compte où transférer les fonds.

C'est ensuite que les choses semblent se compliquer pour les 103 participants au recours collectif. Selon Maitre Ziegler, la moitié d'entre eux a reçu une fin de non-recevoir de la part de Lydia, en raison d'une adresse mail invalide. Pourtant, assurent-ils, l'adresse utilisée était celle déclarée au moment d'ouvrir leur compte. L'autre moitié a, elle, réussi à transmettre les coordonnées d'un compte bancaire pour le virement, mais affirme être sans nouvelles de Lydia, parfois depuis plusieurs mois.

Lydia : « Ni plus zélée, ni plus laxiste que les banques traditionnelles »

Sollicitée par MoneyVox, Lydia n'a pas souhaité répondre dans le détail à nos questions sur les griefs exprimés dans le cadre du recours collectif. « Il est impossible de discuter des cas en question pour deux raisons très simples : la première, c'est qu'aucune information sur ces cas n'a été communiquée à Lydia. La deuxième, c'est que Lydia respecte, quoi qu'il arrive, le secret bancaire », explique par courriel l'agence en charge de sa communication.

Plus généralement, Lydia considère que « les reproches qui [lui] sont adressés (...) aujourd'hui par voie de presse sont plutôt rassurants : ils sont la concrétisation du sérieux dont Lydia fait preuve, et de son professionnalisme en termes de lutte contre la délinquance financière, et de sa contribution à une société plus sûre. »

L'application de paiement rappelle, en effet, qu'elle « s'engage auprès de tous les acteurs du secteur financier et bancaire à lutter contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et la fraude », de manière « ni plus zélée, ni plus laxiste que les banques traditionnelles ». « Dans le cadre de son devoir de diligence, Lydia est, face à des transactions atypiques, dans l'obligation de suspendre l'activité d'un compte, le temps de confirmer ou d'infirmer les soupçons, en collaboration avec l'organisme d'Etat en charge de la lutte contre les circuits financiers clandestins. »