Surtout connu pour son service de paiement en ligne, PayPal, filiale du géant de l’e-commerce Ebay, affiche des ambitions dans le secteur très concurrentiel des nouveaux moyens de paiement. Le point avec Alexandre Hoffmann, directeur général de PayPal France.

Alexandre Hoffmann, que représente PayPal en France aujourd’hui ?

Le cœur de notre activité, ce sont les achats sur internet. Nous affichons aujourd’hui 4 millions d’acheteurs actifs (ayant utilisé leur compte au moins une fois lors des douze derniers mois) en France, pour environ 10 millions de comptes ouverts et 16.000 sites marchands qui utilisent nos services.

Dans le domaine du paiement en ligne, qu’offre PayPal que les banques traditionnelles n’offrent pas ?

De la sécurité et de la simplicité. Quand j’achète avec PayPal, je n’ai pas besoin d’entrer mes coordonnées bancaires, mon numéro de carte ne se balade pas sur internet et je gagne du temps. Je suis également livré ou remboursé. En cas de litige, si le vendeur ne peut pas prouver que l’objet a bien été livré, PayPal me dédommage. C’est une option unique, qui n’est pas offert par la carte bancaire.

Doit-on considérer PayPal comme une banque  ?

D’un point de vue réglementaire, oui, nous sommes une banque, surveillée en tant que telle par les autorités de régulation (NDLR : PayPal Europe a le statut d’établissement de crédit, enregistré au Luxembourg). Dans les faits, PayPal est avant tout un mode de paiement. Nous aspirons même à devenir le moyen de paiement préféré des Français.

Quel type de services comptez-vous proposer pour y parvenir ?

Nos clients peuvent avoir envie de payer tout de suite ou plus tard. Le crédit à la consommation est donc une extension naturelle pour nous. En partenariat avec BNP Paribas, nous avons lancé à l’automne une offre de crédit renouvelable. Nous travaillons également sur des solutions de micro-paiements de contenus numériques, à l’image de ce que fait Apple sur son Appstore, mais avec des tarifs plus intéressants pour l’éditeur. Enfin, depuis deux ans environ, nous proposons à nos clients particuliers d’envoyer de l’argent à leurs proches, via notre site ou nos applications mobiles, en utilisant leur adresse mail ou leur numéro de téléphone. Il faudra encore du temps pour imposer ce service, car les gens privilégient toujours les échanges d’espèces ou de chèques. Mais nous y croyons beaucoup.

Est-ce un avant-goût du virement de proximité, que Christine Lagarde appelle de ses vœux ?

On ne connaît pas encore les détails de l’initiative de Mme Lagarde, mais d’une manière générale, je suis entièrement d’accord avec elle : le secteur bancaire français n’offre pas de moyen simple d’envoyer de l’argent à ses proches.

Comptez-vous également vous positionner sur le secteur du paiement sans contact ?

Pour devenir le moyen de paiement préféré des Français, il faudra en effet envisager une extension de nos services dans le monde physique. Mais dans l’immédiat, nous avons choisi de laisser d’autres intervenants innover dans ce domaine, à partir d’une plateforme de développement que nous mettons à leur disposition (NDLR : PayPal X). Plus généralement, les expériences menées actuellement, à Nice par exemple, montre que le modèle économique du micro-paiement sans contact n’a pas encore été trouvé. Et pour les paiements plus importants, qui nécessitent une authentification, il n’est pas évident que le mobile soit plus pratique et plus rapide pour le client que la carte bancaire.

Craignez-vous l’arrivée de géants comme Apple, Google ou Amazon, sur le marché des paiements ?

Effectivement, on sent aujourd’hui que ce marché intéresse de plus en plus d’acteurs. Il y a les banques qui continuent à innover, de grands acteurs du web qui se positionnent et de nouvelles sociétés innovantes qui se créent. C’est tant mieux pour les consommateurs et les marchands. Quant à nous, la concurrence de dizaines d’entreprises dans le monde depuis des années ne nous a pas empêché d’être aujourd’hui un des leaders dans le domaine.