Plusieurs syndicats et associations ont clamé mardi leur opposition à l'emploi d'une partie des ressources des Livrets A et des LDDS pour financer l'industrie de la défense, objet d'une proposition de loi débattue jeudi à l'Assemblée nationale.

« Nous nous opposons aux deux propositions de loi présentées au Sénat et à l'Assemblée nationale qui visent à financer les industries de défense à partir du Livret A et du LDDS » livret de développement durable et solidaire), a résumé lors d'une conférence de presse Loïc Daguzan, porte-parole d'Indecosa, l'association de consommateurs et de locataires de la CGT.

L'association est signataire aux côtés de plusieurs syndicats, de la Ligue des droits de l'Homme ou encore d'une soixantaine de députés et sénateurs de gauche d'une tribune adressée au ministre de l'Economie Bruno Le Maire intitulée « Le Livret A ce n'est pas pour l'armement, mais pour le logement social ! ».

Ce groupe cherche à se faire entendre après le vote favorable au Sénat, le 5 mars, d'un texte en ce sens, et deux jours avant le débat à l'Assemblée nationale d'une autre proposition de loi, au contenu similaire, soutenue par le groupe Horizons, après plusieurs tentatives infructueuses.

Livret A : nouveau rebondissement dans le feuilleton de l'épargne finançant l'armée

Le texte vise à ajouter les « entreprises, notamment petites et moyennes, de l'industrie de défense française » aux secteurs déjà financés par les banques via les Livrets A et LDDS.

Ce fléchage vers l'armement n'a pas les faveurs de Bercy, la ministre déléguée aux Entreprises, Olivia Grégoire, estimant mardi dernier que « l'instrument (n'était) pas le plus approprié ».

Une « démarche idéologique »

Près de 60% des 568,1 milliards d'euros placés fin janvier sur ces deux livrets sont dédiés au logement social, via la Caisse des dépôts (CDC). Le reste - l'épargne non centralisée, visée par le texte - est investi par les établissements bancaires auprès de PME (dont potentiellement celles de la défense), de projets en lien avec la transition énergétique ou l'économie sociale et solidaire.

Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements qui se présente comme un centre d'expertise indépendant sur les questions de défense, a dénoncé une « démarche idéologique » puisque pour lui « le problème ne se situe pas au niveau du financement de l'armement par les banques ».

La Fédération bancaire française (FBF) a en effet souligné récemment que les difficultés de financement du secteur de la défense « restent ponctuelles et relèvent davantage de la situation financière des entreprises concernées ».

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