Un amendement au projet de loi de finances pour 2024 propose de flécher l'épargne placée sur le Livret A et le LDDS vers les PME de l'industrie de défense. Repris par le gouvernement, il a intégré le texte qui sera très probablement adopté cette semaine sans vote grâce à l'usage du 49.3.

Ce n'est pas nouveau : les milliards d'euros du Livret A et de son faux jumeau, le Livret de développement durable et solidaire, suscitent les convoitises. Notamment les quelque 220 milliards d'euros que les banques distribuant ces produits réglementés conservent dans leurs livres, le reste étant centralisé au sein du Fonds d'épargne de la Caisse des Dépôts.

Livret A : voici comment les banques et l'Etat utilisent votre argent

La défense avec la transition énergétique et l'économie sociale ?

Cet argent, les banques n'en font pas ce qu'elles veulent. Il doit servir à financer des prêts fléchés vers la création et le développement de petites et moyennes entreprises (PME), l'économie sociale et solidaire ou encore le financement de projets contribuant à la transition énergétique. Et bientôt, probablement, au financement de l'industrie nationale de défense.

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, un amendement, porté par 3 députés dont le président de la commission de défense de l'Assemblée nationale, Thomas Gassilloud, propose d'élargir ces usages au financement des « entreprises, notamment petites et moyennes, de [la] Base industrielle et technologique de défense (BITD) », explique son exposé. Des entreprises, poursuit le texte, qui « sont de plus en plus confrontées à des difficultés d'accès aux financements privés ».

L'amendement en question a été repris par le gouvernement et intégré au texte qui sera adopté sans vote, à l'Assemblée nationale, après que la Première ministre, Elisabeth Borne, a engagé hier soir la responsabilité de son gouvernement via l'article 49.3. Une motion de censure a été présentée mais elle a peu de chances d'être votée. La mesure a donc désormais de bonnes chances de se concrétiser.

Des Français divisés sur le financement du nucléaire

Reste à voir quelle sera la réaction des dizaines de millions de Français qui utilisent le Livret A pour placer leur épargne de précaution. En février dernier, le gouvernement avait évoqué la possibilité d'utiliser cette manne pour participer au financement du nucléaire français, en particulier de nouveaux réacteurs EPR. Une perspective, non concrétisée pour l'instant, qui divisait les Français : selon un sondage YouGov pour MoneyVox, 45% des personnes interrogées y étaient favorables, 37% hostiles.

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