La Banque centrale européenne court le risque d'ajuster « trop tard » ses taux actuellement au plus haut, si elle attend d'avoir tous les indicateurs pour se décider, a prévenu mercredi sa présidente Christine Lagarde.

Avec l'atterrissage progressif de l'inflation, la BCE est sous pression pour entamer un cycle de baisse de taux car leur niveau record commence à peser sur l'activité économique.

Les responsables de la BCE veulent voir comment vont évoluer trois indicateurs clés - les hausses de salaires, les marges des entreprises et la hausse de la productivité - pour s'assurer que l'inflation se dirige bien vers la cible de 2% à moyen terme, a expliqué Mme Lagarde lors d'une conférence à Francfort.

Mais compte-tenu des délais avec lesquels ces données sont disponibles, « nous ne pouvons pas attendre de disposer de toutes les informations pertinentes », a reconnu la présidente de l'institution. « En agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », a-t-elle ajouté.

Un risque d'asphyxie de l'activité économique

Les taux d'intérêt élevés pèsent sur la demande et les investissements, ce qui permet de réduire les pressions inflationnistes mais en risquant d'asphyxier l'activité économique. Lors de sa dernière réunion du conseil des gouverneurs, la BCE a laissé entendre qu'une première baisse des taux se profilait en juin, ouvrant un nouveau chapitre de la politique monétaire après la série inédite de hausses lancée depuis juillet 2022 pour lutter contre la flambée des prix.

Le taux sur les dépôts, qui sert de référence, campe depuis octobre à son plus haut, à 4%. Dans les mois à venir, la BCE va atteindre un « niveau de confiance » suffisant pour une « première décision politique » sur ses taux, selon Mme Lagarde.

L'institution monétaire disposera notamment fin mai des données sur la croissance négociée des salaires au premier trimestre de 2024, et d'ici juin, de projections économiques de nature à confirmer ses prévisions sur l'évolution de l'inflation. En mars, la BCE a dit s'attendre à ce que la hausse des prix atteigne l'objectif de 2% en 2025, après 2,3% en 2024, sous l'effet de l'impact plus faible des prix de l'énergie.

Si Mme Lagarde a laissé entendre que les taux pourraient baisser pour la première fois en juin, la BCE ne peut pas s'engager au-delà sur un nombre prédéfini de baisses. « Nous ne pouvons pas nous engager à l'avance sur une trajectoire de taux particulière » qui sera décidée au fil des réunions, a dit Mme Lagarde. En mars, un panel d'analystes sondés par la BCE prévoyait un taux sur les dépôts ramené à 2,25% d'ici fin 2025.