Annoncée le 18 mars, la décision de la Société Générale d’attribuer des stock-options à ses principaux dirigeants a suscité les critiques du Président de la République, de ministres du gouvernement, de l’UMP et des syndicats. Ce dimanche, les dirigeants concernés ont officiellement renoncé à cette forme de rémunération.

Le 18 mars dans un communiqué, la Société Générale a annoncé que son conseil d’administration avait décidé le 9 mars d’attribuer 70.000 stock-options à Daniel Bouton, son président, 150.000 à Frédéric Oudéa, directeur général et 50.000 chacun aux deux directeurs généraux délégués, Didier Alix et Séverin Cabannes.

Ces options ne pouvaient être exercées avant 2012 et les actions, issues de la levée des options, pouvaient être vendues un an plus tard. Cette rémunération était conditionnée à des critères de performance que la Société Générale n’a pas été en mesure de véritablement préciser à l’AFP.

Le 20 mars, les dirigeants concernés de la Société Générale ont renoncé à lever ces stock-options tant que l’État soutiendrait financièrement la banque. Celui-ci a déjà prêté 1,7 milliard d’euros à la Société Générale dans le cadre de la Société de financement de l’économie française (SFEF).

Ce dimanche, les quatre dirigeants ont, dans un texte commun envoyé le lendemain aux salariés du groupe, déclaré qu’ils renonçaient complètement à recevoir leurs stock-options, « pour couper court aux polémiques actuelles. »

Code éthique

« Les dirigeants ont pris la mesure de la situation et agi avec responsabilité. Ils se sont ainsi mis en conformité avec le code éthique de l’Afep (association des grands entreprises françaises et du Medef », a réagi Laurence Parisot, présidente du Medef.

La vive opposition des syndicats

Ce sont les syndicats de salariés qui s’étaient les premiers opposés à ces stock-options en fin de semaine dernière. « Un exemple d’inéquité », pour Bernard Thibault (CGT), une mesure « insupportable » pour François Chérèque (CFDT).

Une intersyndicale de la Société Générale (CFDT-CFTC-CGT-FO, SNB/CGC) a exigé le 20 mars l’abandon de ces stocks-options car elles « suscitent l’indignation des salariés, qui sont eux-mêmes soumis au régime sec par ces mêmes dirigeants et leur conseil d’administration. » Sa crainte : « la destruction de centaine d’emplois » car ce choix de rémunération marque, pour l’intersyndicale, une volonté du conseil d’administration « d’exiger une accélération de la réduction des coûts pour restaurer au plus vite la profitabilité maximale de l’investissement des actionnaires. »

Sarkozy : des rémunérations inadmissibles

Nicolas Sarkozy, Président de la République a pris position le même jour : « quand il y a un plan social, des aides publiques, les bonus, plans stock-options, rémunérations exceptionnelles ne sont pas admissibles ».

Ce jour-là, Éric Woerth, ministre du Budget, et Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement avait jugé le plan de la Société Générale, respectivement « très inopportun » et « indécent ».

Une future loi sur les stock-options ?

Après avoir mis la pression sur ces dirigeants en fin de semaine, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, s’interroge « sur la pertinence des stock-options. (…) S’il faut passer par la loi, on passera par la loi. »

Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, se dit partisan d’une loi suite à l’affaire de la Société Générale : « Le pire, c’est que c’est légal, mais ce n’est pas moral. Donc, il faut changer la loi. »

« On ne peut plus avoir quelques-uns qui se comportent comme des seigneurs de la finance et qui ne comprennent pas que le système actuel ne peut plus durer », a-t-il également déclaré.