Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déploré mardi que certains grands pays soient « moins avancés » que l'Union européenne sur la régulation des cryptoactifs et a appelé à « éviter l'adoption de régulations divergentes ou contradictoires », voire trop tardives.

« Les acteurs crypto opèrent mondialement, et même leur lieu d'installation est parfois difficile à déterminer », a déclaré le gouverneur en ouverture d'une conférence dédiée au rôle des banques centrales dans la « tokenisation » (le fait de transférer le droit de propriété de certains actifs à des jetons virtuels, NDLR) de la finance.

Difficile de ne pas y voir une critique des autorités américaines, même si le gouverneur de la banque centrale française n'a pas nommément cité les Etats-Unis. Il a relevé que « d'autres juridictions majeures sont moins avancées » que l'Union européenne, qui a réussi en juillet à se mettre d'accord sur un projet de cadre légal intitulé MiCA, même s'il doit encore être formellement approuvé avant d'entrer en vigueur.

L'Euro numérique en réflexion

« Restons coordonnés » et « mettons en œuvre (la régulation) dans toutes les juridictions », a-t-il ajouté, jugeant que la baisse des cours des cryptomonnaies « n'est pas une excuse pour la complaisance ou l'inaction ».

Aux Etats-Unis, la régulation des cryptomonnaies se focalise essentiellement autour de la création d'un « dollar numérique ». Le président américain Joe Biden a signé en mars un décret demandant au département du Trésor de lui remettre sous six mois un rapport sur « le futur de la monnaie ». Il en a finalement reçu neuf, qui préconisent de continuer les travaux sur le sujet, mais n'avancent aucune échéance.

La Banque de France travaille elle aussi, avec la Banque centrale européenne (BCE), à la possible création d'un euro numérique. M. Villeroy de Galhau a d'ailleurs également déclaré que les expérimentations de la Banque de France concernant une monnaie numérique de banque centrale allaient reprendre, après neuf exercices qui se sont conclus par des « résultats prometteurs ». Trois nouvelles expérimentations doivent ainsi voir le jour prochainement.