Le gestionnaire de fonds britannique H2O Asset Management, filiale de Natixis, a levé une partie du voile ce week-end sur la proportion des fonds liés au groupe Tennor, qui ont été gelés temporairement le 28 août, en vue d'être « cantonnés », puis « cédés ».

Dans une lettre à ses investisseurs rendue publique vendredi 4 septembre, H2O AM indique vouloir isoler puis vendre entre 3 et 35% de sept des huit fonds qui ont été suspendus, après « la dislocation des marchés suite à la crise du Covid-19 ». Les plus grosses proportions visées par le gel en cours touchent les trois fonds suspendus à la demande initiale du gendarme français des marchés (AMF) : Allegro (25 à 35%), Multibonds (20-30%) et MultiStratégies (10-25%), indique le document, accessible sur le site de H2O AM.

Pour quatre autres fonds également gelés pour quatre semaines, les proportions qui seront cédées sont inférieures : Vivace (8 à 10%), MultiEquities (3-15%), Moderato (7-9%) et Adagio (7-9%). Aucun détail n'est donné dans le document pour le huitième fonds. Le 28 août, H2O AM avait annoncé avoir suspendu huit de ses fonds en raison « d'incertitudes de valorisation » affectant certains des titres dans lesquels ils sont investis. Contacté, H2O AM n'a pas donné d'évaluation totale du montant des actifs représentés par ces pourcentages. Selon le quotidien Les Echos, il s'agirait de 1,3 à 1,9 milliard d'euros d'actifs au total.

Dans sa lettre, H2O AM explique que lors de l'effondrement boursier de la crise du Covid, un certain nombre de ses fonds qui avaient le droit de détenir jusqu'à 10% de titres « privés », c'est-à-dire de la dette d'entreprise non cotée et « illiquide », ont vu cette proportion « mécaniquement » augmenter du simple fait de la « contreperformance » de la partie boursière, et ainsi exploser le plafond autorisé. Or la réglementation lui interdit de détenir plus de 10% de ce type d'actifs.

Natixis qui détient, au travers de Natixis Investment managers, 50,01% des actions de H2O AM, a indiqué la semaine dernière que la suspension n'aurait « pas d'impact financier » sur elle, « ni au bilan, ni au compte de résultat ». Tennor Holdings appartient au financier allemand controversé Lars Windhorst, basé à Londres, qui détient notamment le groupe d'investissement Sapinda, propriétaire de la maison de lingerie de luxe La Perla.