Refus d'ouverture de comptes ou de prêts bancaires... les acteurs politiques rencontrent des difficultés avec les banques, compliquées à évaluer, mais ce « mur des banques » n'est toutefois « pas infranchissable », selon un rapport du médiateur du crédit aux candidats et partis politiques.

La plupart des candidats des partis rencontrent « un réel problème d'accès au crédit », et « plus relativement », pour certains, des difficultés d'ouverture de compte bancaire, affirme Jean-Raphaël Alventosa, premier médiateur du genre nommé en août 2018 par un décret présidentiel, dans un rapport qu'a compulsé l'AFP jeudi. Sur les litiges liés à l'ouverture de compte bancaire et aux demandes de prêts, il existe « très peu de données disponibles aux sources incontestables », explique-t-il. D'où des estimations incertaines : les cas de refus d'ouvertures de comptes s'établiraient à environ 10%. Les refus de prêts seraient « plus significatifs »: de l'ordre de 30% parmi les 20% de candidats ayant recours à un emprunt.

« Pas de défaillance avérée des banques »

Mais pour les seules élections européennes, « le bilan est à peine acceptable » sur l'ouverture de comptes bancaires, fustige le médiateur, qui calcule un ratio de 23% de difficultés ou de défauts en la matière rencontrés parmi les 34 listes présentées pour ce scrutin. Concernant l'accès au crédit, le bilan du médiateur « ne révèle pas de défaillance avérée des banques ».

« Le problème du crédit (...) ne concerne qu'une minorité de mouvements ou de partis, les autres sont bloqués pour des raisons diverses » mais justifiées, comme des sondages et des résultats très faibles, une absence de garanties ou un refus de se conformer au « système des banques », poursuit-il. Sur les huit listes aux européennes ayant sollicité un crédit, la moitié n'en ont pas obtenu, soit Génération.s, Debout la France, L'Union des démocrates et indépendants (UDI) et le Rassemblement national (RN), d'après le médiateur.

Malgré des sondages favorables, le RN « souffre de ne pas cocher toutes les cases de la recevabilité » telles que le « critère de conformité » en raison de ses difficultés judiciaires, une santé financière « trop fragile » et un « souci avec les notions de notoriété, d'image ou de réputation » qui « lui nuisent encore », indique le rapport.

« Pas de droit au crédit » pour un parti politique !

« Il n'y a pas de droit au crédit », rappelle le médiateur qui répertorie à l'attention des partis et candidats au moins sept « conditions de recevabilité » à observer avant de présenter une demande de prêt. Si depuis 30 ans la législation a rendu transparentes les sources de financement, les fonds sont aussi moins facilement disponibles, est-il expliqué. Et « les banques veulent désormais travailler avec les clients les moins compliqués ou les moins risqués ».