Le procès de quatre ex-employés d'une filiale d'investissement boursier du Crédit Agricole, accusés d'avoir prélevé au détriment de plusieurs caisses de retraite des commissions abusives dépassant les 100 millions d'euros, s'est ouvert lundi à Nanterre.

L'ancien directeur du département « vente de produits dérivés et obligations convertibles » du Crédit Agricole Indosuez Cheuvreux (CAIC, aujourd'hui Crédit Agricole Cheuvreux), Didier Hannoun, est poursuivi pour « escroquerie et faux ». Il encourt cinq ans de prison. Son adjoint de l'époque et deux autres collaborateurs comparaissent également devant le tribunal correctionnel de Nanterre.

L'ancien PDG du CAIC, Jean Chodron de Courcel, parent de Bernadette Chirac et ancien directeur adjoint au cabinet d'Alain Juppé à Matignon, entendu comme témoin assisté dans cette affaire, n'a en revanche pas été renvoyé devant la justice.

Gonfler le chiffre d'affaires pour toucher des bonus

« C'est un scandale de renvoyer les gens sur la base d'une instruction qui dure depuis plus de 10 ans, a été réalisée complètement à charge et est truffée d'imprécisions », a déclaré Me Antoine Vey, l'un des conseils de Didier Hannoun, demandant l'annulation de l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction.

Les prévenus sont soupçonnés d'avoir entre 1998 et 2000 « effectué de manière occulte » des transactions financières, selon ce document lu à l'audience. Ils auraient multiplié les ordres boursiers, prélevant au passage des marges abusives, sans les déclarer à leurs clients. Objectif, selon l'accusation, faire gonfler artificiellement le chiffre d'affaires de CAIC et percevoir en conséquence, notamment pour Dider Hannoun, de confortables bonus.

Le préjudice total avait été évalué à 105,66 millions d'euros par le Conseil des marchés financiers (CMF), aujourd'hui intégré au sein de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Le CAIC avait remboursé l'intégralité de cette somme à ses clients floués. Le procès doit durer jusqu'au 18 octobre.