Un ex-trader de la Caisse d'Epargne a affirmé lundi, au premier jour de son procès pour abus de confiance, ne pas comprendre pourquoi il se retrouvait devant le tribunal correctionnel de Paris.

« Je suis très surpris d'être là », a dit d'une voix hésitante, Boris Picano-Nacci, 37 ans, qui encourt trois ans de prison et 375.000 d'amende pour des pertes de plusieurs centaines de millions d'euros subies par la banque à l'automne 2008, en plein krach boursier. « Je vais assumer mes responsabilités, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi je suis là », a-t-il ajouté, visiblement impressionné. « Je n'ai pas l'impression d'avoir fraudé ou commis un délit. »

La Caisse nationale des Caisses d'Epargne (CNCE) avait porté plainte contre lui en octobre 2008, l'accusant d'avoir outrepassé son mandat en prenant à partir de la mi-septembre des positions à haut risque, qui avaient conduit à une perte de 751 millions d'euros pour la banque. Partie civile au procès, la banque (devenue BPCE depuis sa fusion avec la Banque Populaire) a depuis « affiné » à environ 315 millions d'euros le montant des pertes dont elle cherche à obtenir réparation en justice, selon son avocat, Me Jean Reinhart.

Pendant l'enquête, le trader avait admis avoir fait de mauvais choix d'investissements, mais avait assuré que sa direction ne lui avait pas interdit de prendre de nouvelles positions, du moment qu'elles étaient débouclées fin 2008. Il était chargé des investissements des fonds propres (« gestion pour compte propre ») de la banque sur le marché des dérivés actions. La banque assure de son côté qu'ayant décidé en juin 2008 de cesser son activité pour compte propre, elle avait demandé à ses traders de solder leurs positions au plus tard au 31 décembre, sans nouvelle prise de risques.

Le procès doit durer jusqu'au 10 décembre.