Le SNJ a dénoncé lundi la publication, dans les quotidiens régionaux du groupe Ebra, d'un reportage sur une action humanitaire en Haïti financée par la fondation du CIC-Crédit Mutuel, actionnaire principal de ce groupe de presse.

Le Syndicat national des journalistes qui est, selon son communiqué, « majoritaire dans la plupart des rédactions du groupe » Ebra, a condamné une « opération d'auto-promotion déguisée en journalisme ». Seul le site internet du Progrès de Lyon a mentionné dans le reportage que le Crédit Mutuel est l'actionnaire principal du journal.

Le reportage, publié dimanche, portait sur 38 logements attribués aux familles sinistrées de salariés haïtiens de l'hôpital français de Port-au-Prince. Les logements ont été inaugurés par Michel Lucas, le président de la banque Crédit Mutuel qui a financé l'opération à 85%. Or, la banque est également propriétaire des quotidiens régionaux du groupe Ebra dans lesquels le reportage a été publié.

Ebra compte en effet une dizaine de journaux régionaux, dont Le Progrès, L'Est Républicain, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Vosges Matin, Le Bien public, Le Journal de Saône-et-Loire ou Le Dauphiné libéré. « Plus qu'une subvention, c'est le geste de solidarité d'une banque qui depuis son origine met l'homme au cœur de son action », déclare Michel Lucas, cité dans le reportage.

Problème déontologique ?

« C'est sûr que d'un point de vue déontologique, ce reportage pouvait poser problème. J'ai dit à ma rédaction que je n'irais que si j'avais le temps d'investiguer un peu plus sur la reconstruction en Haïti, pour placer le projet dans son contexte », explique Thierry Dromard, auteur de l'article et journaliste au Journal de Saône-et-Loire. Sur place, il a réalisé trois autres reportages, dont un sur les autres projets de reconstruction en Haïti, les deux autres portant sur les problèmes d'eau potable et l'épidémie de choléra.

« Ca aurait été un peu dommage de se priver d'aller en Haïti au seul motif que notre propriétaire y fait une belle action. Je ne me suis pas senti bridé, et je ne me suis pas autocensuré non plus », assure le journaliste. Celui-ci s'était déjà rendu sur place en 2011 lors du lancement du projet financé par la fondation CIC-Crédit Mutuel, ce qu'avait dénoncé le SNJ.