La tendance est à la baisse pour les rémunérations des super-livrets distribués par les banques en ligne. Celles-ci continuent néanmoins de séduire les épargnants à coup d’offres promotionnelles. Le point sur le marché des livrets bancaires en ce début de mois de juillet.

La liste des taux de base révisés à la baisse ces derniers mois est longue. Le 1er mai, ce sont BforBank et Fortuneo qui avaient ouvert le bal : la rémunération du Livret BforBank a été ramenée de 2,40% à 2,20% brut, tandis que le Livret + de la filiale du Crédit Mutuel-Arkéa n’affiche plus que 2%, contre 2,30% auparavant. Le 1er juin, ING Direct a suivi : hors période de promotion, le Livret Epargne Orange (LEO) ne rapporte plus que 1,60% brut, en baisse de 0,15 point.

Depuis le 1er juillet, c’est le tour de Cortal Consors et Axa Banque : comme le LEO, le Livret Euro rémunère l’épargnant à hauteur de 1,60% (contre 1,75% avant), tandis que le Livret Axa Banque affiche un petit 1,15% jusqu’à 15.300 euros et 1,50% au-delà (–0,10 point). Et le prochain sur la liste est le Livret Binck, dont la rémunération sera ramenée à 1,25% le 1er août (contre 1,40% actuellement).

Dans ce contexte, le petit nouveau, le Livret Zesto de RCI Banque, fait figure d’exception. Il domine en effet nettement le marché, avec un taux hors promotion de 2,80% brut. Soit, tout de même, 0,60 point de plus que le Livret BforBank, ancien leader en la matière.

Ajustement du marché

Cette série de baisses a évidemment beaucoup à voir avec le contexte économique. Depuis le déclenchement de la crise en zone euro et l’assèchement du marché interbancaire, les banques de détail étaient en quête de liquidités, pour satisfaire notamment les nouvelles normes réglementaires Bâle III. Elles ont donc fait beaucoup d’efforts pour capter l’épargne des particuliers. Mais l’intervention de la Banque centrale européenne et la baisse continue de l’Euribor, le principal taux interbancaire, ont rendu ces efforts moins prioritaires et entraînent logiquement un ajustement du marché.

Pour autant, les banques cherchent toujours à convaincre et fidéliser de nouveaux clients. Les offres commerciales sur les livrets sont encore légion : une quinzaine actuellement. Le marché est toujours coupé en deux. D’un côté, une partie des banques en ligne offre classiquement des taux boostés sur 3 ou 4 mois. Le plus performant dans le domaine reste le Livret BforBank (5% sur quatre mois), qui fait mieux que le Compte Epargne TooKam (6% sur trois mois), le Livret Zesto (5% pendant trois mois) ou le Livret Epargne Orange d’ING Direct (4,5% pendant trois mois, avec 60 euros de prime).

L’autre partie du marché table sur des promotions sur 12 mois, moins spectaculaires mais plus aptes à fidéliser. Dans la foulée du Livret Euro de Cortal Consors, le premier à s'être lancé sur une telle durée, le Livret d’Epargne Monabanq (3,30% + 50 euros de prime) apparaît actuellement comme le produit le plus intéressant pour les épargnants disposant d'une somme importante à placer en une fois. Le Livret + Fortuneo s'est d'ailleurs très récemment aligné sur cette offre. Par contre, pour ceux qui souhaitent épargner progressivement, le Compte Epargne Cetelem (3,3% pendant un an), avec son offre 12x12, peut être le choix le plus judicieux. De quoi compenser, au moins partiellement, l’alourdissement récent de la fiscalité : depuis le 1er juillet en effet, les cotisations sociales applicables aux intérêts des livrets ont augmenté : 15,5%, contre 13,5% précédemment.

Livret A : une baisse du taux au 1er août ?

Qu’attendre des mois à venir ? Une partie de la réponse se situe dans le sort réservé au Livret A, dont le taux est également une référence pour les livrets fiscalisés.

Calé à 2,25%, net de fiscalité, depuis bientôt un an, le plus populaire des livrets réglementés pourrait en effet subir une baisse de sa rémunération le 1er août prochain. Tout dépendra en fait du niveau de l’inflation hors tabac au mois de juin. Si elle augmente ou se maintient, comme en mai, à 1,9%, le taux ne devrait pas bouger, à moins que le nouveau gouvernement ne décide d'adapter la formule de calcul automatique aux réalités de l'économie actuelle.

Si par contre, l'indice des prix perd ne serait-ce qu’un dixième de point, la rémunération du Livret A pourrait être ramenée à 2%. Et entraîner, par ricochet, un nouveau repli de la rémunération des livrets non réglementés. Réponse le 12 juillet, jour de la publication par l’INSEE des chiffres de l’inflation.