La Banque Postale, filiale du groupe La Poste, va se lancer pour la première fois début avril dans la vente de crédits à la consommation, en partenariat avec la Société Générale.

La banque dévoilera mardi le contenu de cette offre de crédit à la consommation, un produit qu'elle ne commercialisait pas jusqu'alors et sur lequel elle travaille depuis plus de deux ans.

Lancée à l'échelle nationale début avril, ce produit est déjà disponible dans plusieurs succursales de la Banque Postale, selon des clients interrogés par l'AFP.

"Avec cette nouvelle activité, la Banque Postale souhaite redonner confiance dans le crédit à la consommation en plaçant l'intérêt de ses clients au centre de son action", avait expliqué l'établissement lors de la présentation de ses résultats mi-mars.

"La prévention et la gestion du surendettement feront l'objet d'une attention particulière et constituera un axe fort et différenciant de son entrée sur ce marché", avait-il assuré.

Ainsi, selon le président de son directoire, Patrick Werner, la banque ne proposera pas, dans un premier temps, d'offre de crédit renouvelable, souvent accusé de favoriser le surendettement.

La Banque Postale, qui n'a obtenu le statut de banque qu'à la fin 2005, a été autorisée en novembre 2007 à élargir son offre de produits bancaires aux crédits à la consommation. Elle a sélectionné fin 2008 la Société Générale comme partenaire sur ce projet.

Dans une note publiée mi-2008, la banque d'affaires Lehman Brothers avait estimé que la part de marché de la Banque Postale ne devrait pas dépasser 8%.

Le crédit à la consommation pèse 158 milliards d'euros en France, selon les chiffres de la Banque de France.

La Banque Postale fait son entrée sur un marché dominé par Cetelem, filiale de BNP Paribas, et Crédit Agricole Consumer Finance (né de la fusion entre Sofinco et Finaref), qui sont tous deux des poids lourds européens.

"C'est un acteur de plus sur un marché qui est déjà concurrentiel", considère ainsi un concurrent, pour qui l'arrivée de la Banque Postale "est intégrée depuis longtemps" par les acteurs du secteur.

Les spéculations vont bon train sur les tarifs que proposera l'établissement public, que les concurrents attendent "dans ceux du marché".

"Le positionnement prix va nécessiter des ajustements de la part des concurrents", prévoit pourtant Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil spécialisé Weave.

"Ils auront probablement une tarification qui tire vers le bas parce qu'ils ont un coût du risque (un niveau d'impayés, ndlr) structurellement plus faible", ajoute-t-il.

Avec son image éthique et sociale, cultivée de longue date, la Banque Postale se positionne très favorablement dans le prolongement du projet de loi Lagarde qui réforme le crédit à la consommation.

Actuellement examiné par l'Assemblée nationale, ce projet de loi vise à encadrer les pratiques en renforçant l'information des consommateurs et en obligeant les établissements de crédit à se renseigner sur la solvabilité des clients.

Sur le plan de l'image, mais aussi en matière de conception de son offre, "la Banque Postale satisfait déjà aux changements prévus par la loi Lagarde", souligne M. Delannoy, pour qui cette dimension "aura plus d'impact qu'on ne le pense".

"Il y a des bémols", notamment la formation des conseillers financiers dans une banque "qui n'a pas de culture du crédit", mais l'entrée en piste de la Banque Postale "constitue un événement sur le marché", selon lui.