Se fondant sur une étude comparative menée en Europe et aux Etats-Unis, le cabinet de conseil Compass estime que la politique des banques françaises en matière de frais bancaires est doublement contre-productive.

En cause, selon les conclusions de l’étude : le déséquilibre existant, dans les grilles tarifaires, entre des opérations courantes annoncées sans frais (gestion du compte, traitement des chèques, virements, etc) et des prestations annexes (rejets de paiements, demande de documents, etc) aux tarifs exagérés.

Toujours selon l’étude, les conséquences de cette politique sont désastreuses en terme d’image. Les services sous-facturés finissent en effet par ne plus avoir la moindre valeur aux yeux des clients tandis que, par comparaison, les tarifs des services annexes, sur-facturés, apparaissent prohibitifs.

D’où l’existence, en France, d’une « appréciation commune selon laquelle les banques pratiquent des tarifs abusifs » et d’une tentation, chez les pouvoirs publics, de vouloir réguler ces tarifs, comme l’a encore montré une récente initiative de la ministre de l’économie, Christine Lagarde.

Pas si rentables

A défaut d’y gagner une bonne image, les banques françaises trouvent-elles au moins leur compte dans cette situation ? Contre certaines idées reçues, l’étude de Compass répond non. 

En effet, cette politique tarifaire, en décourageant, tout simplement, les clients de consommer des services bancaires, aurait un impact non négligeable sur la rentabilité des banques de détail. Elle briderait également leur développement, en encourageant le statu quo.

L'étude plaide ainsi pour un renversement complet de la donne actuelle. Elle encourage les banques à « facturer au coût réel ce que les clients consomment effectivement et le plus fréquemment (...) tandis que les frais accessoires ne seraient facturés qu’à leur coût marginal. »

Cette évolution aurait le double avantage de dynamiser l’offre commerciale en offrant « des possibilités de forfaits beaucoup plus variées qu’actuellement» et de «développer une gestion active, à la carte, de ses frais bancaires par la clientèle. »

Reste à savoir quelle banque française assumera, la première, le risque de prendre le marché actuel à rebrousse-poil, pour sortir de cette singulière situation française.