L’assurance vie est le placement amassant le plus d’argent en France. Et de loin ! Mais le « couteau suisse de l’épargne » reste un produit complexe, la faute à des contrats comprenant des conditions multiples et variées. Voici une série de conseils et astuces pour éviter les pièges à l’heure de choisir son assurance vie.

Fiscalité : peu importe la durée de détention

Faut-il absolument attendre le « cap des 8 ans », avant d’effectuer un retrait sur son contrat d’assurance vie ? Cliché ! Il s’agit en effet du cap de maturité fiscale, à partir duquel les retraits n’engendrent qu’une très faible imposition sur les plus-values réalisées. Mais si, par le passé, la fiscalité de l’assurance vie apparaissait défavorable aux épargnants lors des premières années de détention, en comparaison à d’autres placements, cette idée n’a plus lieu d’être. Depuis la réforme de la fiscalité de l’épargne, la fameuse « flat tax », en vigueur depuis 2018, les plus-values de l’assurance vie ne sont pas plus lourdement imposées que les autres placements, même avant ce cap des 8 ans. Soit 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de cotisations sociales. Il n’est plus inconcevable d’envisager l’assurance vie comme un placement à court terme.

Pourquoi « l’assurance vie bloquée 8 ans » est un cliché !

Frais : de 0% à 5% sur les versements

L’argent versé sur un contrat d’assurance vie peut être amputé jusqu’à 5%, au titre des frais d’entrée, aussi appelés frais sur versement. De moins en moins de distributeurs les font grimper à 5% mais certains contrats, notamment ceux commercialisés par les banques, s’en approchent. Or, à l’autre extrême, les courtiers web ont fait de cette absence de frais de versement leur principal argument commercial. Le choix ne doit toutefois pas être uniquement guidé par le niveau de ces frais. Certains contrats patrimoniaux affichent un niveau de frais d’entrée modéré, autour de 2% par exemple, et peuvent s’avérer plus rentables sur le long terme qu’un contrat à 0%, mais à la rémunération moins avantageuse

A retenir : ces frais amputant le capital dès l’entrée, ils se révèlent très pénalisants si l’argent reste peu de temps sur le contrat, puis leur effet s’amoindrit au fil des ans. Bref, pour optimiser un contrat rémunérateur facturant les versements, il faut l’utiliser sur le long terme et placer un maximum d’argent dès l’ouverture.

Plus d’infos : Comment les frais sur versement rognent la rentabilité de l’assurance vie

Un millefeuille de frais à éplucher

Au-delà des frais de versements, il faut se pencher sur les conditions générales du contrat pour identifier les différents niveaux de tarification : frais de gestion (le plus souvent entre 0,50% et 1% par an), frais d’arbitrage (0,50% au maximum, souvent gratuits), les frais du mode de gestion (0,20% supplémentaire sur les frais de gestion pour un mandat en gestion pilotée, par exemple), les frais de sortie en rente (3% de « frais d’arrérage », par exemple), etc. L’important étant de comparer et de ne pas souscrire un contrat d'assurance vie comportant une ligne de frais anormalement élevée.

Plus de détails : Ces frais qu'il faut comparer avant de souscrire une assurance vie

Contrat individuel ou collectif ?

A l’heure de choisir son contrat d’assurance vie, certains éléments passent généralement au second plan. La question du contrat individuel ou collectif en fait probablement partie. Avec le contrat individuel, le client particulier souscrit directement l’assurance vie auprès de l’assureur. Avec le contrat collectif, ou contrat de groupe, c’est le distributeur (courtier, association, etc.) qui souscrit et l’épargnant qui adhère au contrat. Qu’est-ce que cela change pour l’épargnant ? La logique voudrait que, dans le cadre d’un contrat de groupe, le distributeur ait négocié au mieux les conditions du contrat. Mais le contrat collectif peut aussi permettre à ce même distributeur de modifier les conditions par la suite sans que l’épargnant puisse s'y opposer. A savoir.

Pour plus de détails : Quelles différences entre contrats individuels et collectifs ?

Clause bénéficiaire : à modifier avec précaution !

L’assurance vie est un produit d’épargne, mais aussi un produit de succession. La clause bénéficiaire vous permet d’indiquer à qui doit revenir l’argent du contrat en cas de décès. Par défaut, l’assureur vous propose une formulation telle que : « Mon conjoint ou partenaire de Pacs, à défaut mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représentés, par parts égales entre eux, à défaut mes héritiers. » Une formule qu’il vaut mieux conserver si vous n’avez pas de volonté particulière : cette formule standard couvre bien les cas les plus simples, et permet de répartir l’épargne équitablement entre les héritiers. En revanche, en cas de volonté précise de votre part, il faut faire très attention à la précision de la clause, en livrant un maximum d’informations (nom, adresse, etc.) sur les bénéficiaires, indiquer à qui va l’argent en cas de disparition de ces bénéficiaires, etc.

Lire : Faut-il se contenter de la clause bénéficiaire standard ?

Fonds en euros : des rendements du simple au triple

Le « fonds en euros » est le fonds sécurisé de l’assurance vie multisupports, le modèle de contrat le plus répandu. Et 78% de l’épargne gérée par les assureurs vie reste à ce jour investie sur les fonds en euros : la « base » du contrat, à défaut d’en être nécessairement l’élément le plus rémunérateur. Les assureurs ont ainsi servi en moyenne une rémunération de 1,83% au titre de l’année 2018. Le cabinet spécialisé Facts & Figures anticipe une nouvelle baisse de rémunération, pour un taux moyen (net de frais de gestion) « entre 1,40% et 1,50% en 2019 ».

Mais attention ! Malgré les taux en berne, l’écart de rémunération reste béant entre un contrat « standard » vendu par une banque, souvent le moins bien loti, et un contrat patrimonial ou « haut de gamme », dont les conditions d’accès ne sont pas toujours si restrictives. En 2018, en se limitant aux fonds en euros accessibles à tous, sans conditions d’investissement en fonds risqués (UC), la rémunération va de 1% à… 3,10% !

Plus d’infos : Le palmarès 2018 des taux de l’assurance vie

Faire attention aux conditions d’accès aux fonds euros

Les assurances vie proposées par les banques, courtiers en ligne et fintechs ont de nombreux avantages (frais réduits, fonds en euros attractifs voire fonds immobiliers ou dynamiques) mais il faut être conscient de la nécessité, dans certains cas, d’investir une partie de son épargne sur les unités de compte (UC), des fonds potentiellement plus rentables mais plus risqués et qui s’envisagent sur le moyen ou long terme. Certains contrats en ligne acceptent un accès à 100% au fonds en euros pour les « risquophobes ». Pas tous ! A vérifier au cas par cas.

Lire à ce propos : Ces contrats en ligne où on peut encore investir totalement sans risque

Gestion libre ou pilotée ?

Sur les contrats d’assurance vie multisupports, les épargnants disposent donc du fonds en euros, avec une garantie en capital, et de supports en UC, plus risqués. A l’heure où les épargnants se tournent de plus en plus vers ces fonds sans garantie en capital, faut-il opter pour la gestion pilotée, aussi appelée gestion sous mandat ? Cette dernière permet de déléguer les arbitrages à réaliser sur la poche risquée de son contrat à une société de gestion. En contrepartie, il faut toutefois payer des frais supplémentaires.

Sur la gestion pilotée : Jusqu’à -16% pour la gestion pilotée en 2018 et Comment juger les performances d’une gestion pilotée ?

Pour éviter ces frais, il reste la gestion libre. Celle-ci demande toutefois une certaine expertise, ou a minima de diversifier son allocation d’actifs en ne plaçant pas toutes ses billes sur une même famille d’UC.

Sur la gestion libre : 8 pistes pour optimiser sans risque

Contrats « enfants » : bien comprendre qui souscrit l’assurance vie !

Toutes les banques et la plupart des assureurs proposent des contrats « pour préparer l’avenir de vos enfants ». Mais attention, ces offres se déclinent en deux versions bien distinctes : d’un côté des contrats où l’enfant est le souscripteur et l’adhérent-assuré, d’autre part des contrats où c’est le parent qui souscrit en inscrivant l’enfant en tant que bénéficiaire. Dans le premier cas, l’argent appartient à l’enfant, avec des restrictions sur les mouvements jusqu’à la majorité. Dans le second cas, il s’agit de l’épargne du parent, qui reste libre des mouvements, et peut même choisir de modifier le bénéficiaire…

Plus d’infos : Que vaut l'assurance-vie réservée aux enfants ?

Clôturer son contrat sans précipitation

Finalement, vous voulez fermer votre assurance vie ? Outre le délai à prévoir, qui se compte en jours ou en semaines selon les cas, mieux vaut éviter de clôturer à n’importe quel moment de l’année. Car dans la plupart des cas, l’année de clôture est rémunérée au taux minimum garanti, souvent très inférieur au taux de rémunération annuel définitif, connu bien plus tard. Mieux vaut donc attendre le début d’année suivante, après le versement des intérêts. En cas de besoin d’argent urgent, il est conseillé d’effectuer le rachat partiel maximum, pour ne clôturer le contrat que quelques mois plus tard.

Plus de détails : Comment éviter de perdre des intérêts à la clôture ?