Le président de l'Autorité de la concurrence Bruno Lasserre a dénoncé lundi l'opacité des tarifs pratiqués par les banques françaises, estimant que la transparence des prix "ne fonctionnait pas bien".

"Nous avons le sentiment que le signal de prix (l'affichage des prix pour donner le choix aux consommateurs, NDLR) ne fonctionne pas bien dans le secteur bancaire", a déclaré M. Lasserre lors de ses voeux.

Parmi les raisons de ce dysfonctionnement, figure, selon lui, le fait que "les tarifs sont trop opaques". Il a également évoqué des "barrières à l'entrée" qu'il estime "trop fortes".

Un rapport publié fin septembre par la Commission européenne avait dénoncé le manque de transparence des banques françaises en matière de tarifs. Il classait également la France en troisième position parmi les pays les plus chers sur le plan tarifaire.

La Fédération bancaire française (FBF) avait contesté les résultats de cette enquête, estimant qu'il n'était pas possible d'apprécier leur fiabilité.

Par ailleurs, M. Lasserre a indiqué que l'Autorité rendrait cette année sa décision concernant une enquête, entamée en 2007, au sujet d'une possible entente sur la tarification du traitement des chèques.

Une source proche du dossier avait, à l'époque, précisé que des investigations menées par le Conseil de la concurrence depuis 2003 avaient conclu à l'existence d'un cartel bancaire sur la tarification du traitement des chèques.

Le Conseil de la concurrence (devenu depuis l'Autorité de la concurrence) aurait été alerté par des entreprises qui avaient découvert que toutes les banques françaises facturaient à leurs clients le même barème de 4 centimes par chèque traité.

Par ailleurs, alors que la nouvelle Commission européenne doit se pencher sur la question de la réparation des préjudices aux consommateurs, M. Lasserre a regretté qu'"aux avancées bruxelloises s'oppose un peu le sur-place à Paris. Le dossier politiquement n'avance pas".

"Pour être influent dans ce débat à Bruxelles il faut aussi avoir une certaine expérience dans le territoire national", a-t-il estimé, considérant qu'il s'agit d'un "enjeu de justice", mais aussi d'un enjeu de "compétitivité de la place juridique de Paris". Sinon, ces affaires "seront traitées à New York ou à Londres", prévoit-il.

Le gouvernement français mise surtout sur la médiation pour résoudre les litiges entre consommateurs et entreprises.

Les associations de consommateurs attendent depuis 2005 que se concrétise la promesse des pouvoirs publics d'instaurer en France une "class action".

Le secrétaire d'Etat à la Consommation Hervé Novelli a estimé fin octobre que la création d'une action de groupe à la française serait inévitable, mais qu'elle ne devrait être utilisée qu'"en dernier recours".