Pratiquement inchangé depuis ses origines, le design des cartes bancaires a beaucoup évolué ces dernières années. Le numéro unique traditionnellement embossé au recto, en particulier, a tendance à disparaître. C'est le cas, récemment, à La Banque Postale ou chez BNP Paribas. On vous explique pourquoi.

Qu'ont en commun BNP Paribas, La Banque Postale et Fortuneo ? Pas grand chose, a priori. La première est une banque commerciale chic et plutôt parisienne ; la deuxième l'enseigne grand public par excellence, avec son énorme réseau (7 600 points de vente) et sa large clientèle (plus de 10 millions de clients particuliers, dont 1,7 en situation de fragilité financière) ; la troisième est une banque en ligne aux profils de clientèle plutôt aisés.

Une chose, pourtant, les rapproche : toutes trois ont, au cours des derniers mois, changé radicalement le design de leurs cartes, en faisant disparaître le numéro traditionnellement imprimé en relief sur la face avant, cette combinaison unique de 16 chiffres qui permet de distinguer votre carte de celle de votre voisin.

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Nouvelles cartes bancaires CB Visa de BNP Paribas
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Nouvelle carte CB Gold Mastercard de Fortuneo
Nouvelle carte Visa Premier de La Banque Postale

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Une tendance de fond

BNP Paribas, La Banque Postale et Fortuneo ne sont pas les seules banques, loin de là, à avoir opté pour ces cartes new look et, il faut le dire, plus esthétiques. La Banque Populaire, la Caisse d'Epargne, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, ainsi que toutes les banques en ligne, ont fait de même. Le Crédit Agricole et SG, en revanche, en restent au design classique. Pour l'instant. Le Crédit Agricole « songe » à le modifier, explique sa communication. Même son de cloche chez SG, qui a déjà proposé « ce type de design pour certaines [ses] cartes émises en éditions limitées : Carte métal Naruto Itachi en octobre 2022, ou des cartes en métal Visa Premier et Infinite en janvier 2024. »

Le mouvement est donc lancé. « L'attachement des Français pour la carte physique reste très fort. Les grandes banques, poussées par les fintechs, essaient, elles aussi, d'innover. Elles veulent proposer des objets plus sophistiqués », constate Vincent Mouret, Senior Vice-Président Product Line & Marketing de la partie paiement chez Idemia, qui conçoit et émet des cartes pour divers fournisseurs de services financiers.

« Avec la baisse de l'usage du chéquier, la carte devient le seul produit matériel qui vous relie à votre banque », confirme Meggie Dauvilliers, chef de produit cartes à La Banque Postale. « Notre changement de logo depuis mars 2022, NDLR a été l'occasion de proposer des cartes au design plus épuré, plus moderne. C'est une tendance de fond. »

Du côté de Fortuneo, l'élément déclencheur a été la volonté « de proposer une carte en PVC recyclé », détaille Grégory Guermonprez, directeur de la banque en ligne. « Nous en avons profité pour changer son design. C'est bien de le faire de temps en temps. »

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Le numéro en relief complètement obsolète

Tous les clients, toutefois, ne sont pas emballés par le changement. « Certains nous ont posé la question : a-t-on le choix ? » confirme Meggie Dauvilliers. L'opinion, en effet, est bien ancrée dans les esprits : une carte sans numéro en relief est une carte bas de gamme, sous-entendu moins fiable. Elle remonte sans doute à l'époque où seules les cartes de retrait ou à autorisation systématique, celles destinées aux plus jeunes ou aux plus modestes, étaient imprimées et non embossées. Pourtant, tous nos interlocuteurs nous l'affirment : c'est complètement faux.

« Ce sont les mêmes cartes avec les mêmes caractéristiques. Il n'y a aucune différence en termes d'acceptation, le changement est absolument neutre », assure Grégory Guermonprez. L'embossage, en effet, n'avait qu'une utilité : payer sur les « sabots », ces antiques terminaux conçus pour imprimer le numéro de la carte bancaire sur une facturette à l'aide de papier carbone. Une « technologie » datant des années 1960 et qui a aujourd'hui totalement disparu, supplantée par les terminaux de paiement électroniques (TPE).

La signature et la bande magnétique en sursis

Le numéro unique, pour autant, n'a pas complètement disparu des cartes bancaires. A la Banque Postale, par exemple, il figure désormais sur la face arrière des nouvelles cartes, présenté, non pas sur une ligne horizontale, mais en colonne verticale de 4 fois 4 chiffres, pour le rendre plus facile à déchiffrer. Accéder facilement à ce numéro, en effet, reste utile : c'est lui que vous renseignez lorsque vous effectuez un achat sur internet. Ce n'est toutefois pas une obligation. Quelques cartes font tout simplement l'impasse sur le numéro unique, à l'image de la carte de crédit lancée par Apple en 2019.

D'autres éléments traditionnels pourraient rapidement devenir facultatifs. C'est le cas du couple formé par la piste magnétique et le bloc signature. Leur présence sur les cartes renvoie au temps des premiers TPE, apparus dans les années 1970, avant que les cartes ne soient équipées de puces mémoire. Le payeur devait alors passer sa carte dans une glissière conçue pour lire les informations contenues dans la piste magnétique, puis signer le reçu édité par le commerçant pour authentifier l'achat.

Cette façon de payer a vécu, y compris aux Etats-Unis, où elle a longtemps été dominante et où elle est aujourd'hui supplantée par la puce et le sans contact. « Il est étonnant que l'embossage, la piste magnétique et le bloc signature aient survécu aussi longtemps. Car, dans les faits, ils ne servent plus à rien », confirme Vincent Mouret.

Déjà, Mastercard autorise les banques françaises à se passer du bloc signature. La piste magnétique, elle, reste obligatoire, mais est sans doute en sursis.

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La puce et quelques nouveautés

Au final, seuls quelques éléments apparaissent aujourd'hui indispensables : le nom de l'émetteur, celui du porteur, le logo du ou des réseaux d'acceptation, l'hologramme anti-contrefaçon imposé par Visa et Mastercard et, bien sûr, la puce désormais reliée à une antenne NFC pour le sans contact. « La puce est l'élément de sécurité essentiel sur la carte bancaire, le seul qui ne peut pas être copié et celui qui a permis de quasiment éliminer la fraude lors des paiements en magasins », explique Vincent Mouret.

L'évolution des cartes bancaires, toutefois, ne se fait pas seulement par le vide. De nouvelles caractéristiques apparaissent. Certaines sont purement esthétiques : bords en couleur, transparence, cartes métal... Mais il y a plus utile.

De plus en plus de cartes (citons celles de BNP Paribas, du Crédit Mutuel ou de Nickel) présentent une encoche qui permet aux personnes malvoyantes ou non-voyantes de savoir qu'elles tiennent leur carte dans le bon sens. Une petite avancée, même si le plus compliqué, pour elles, reste de composer leur code secret de manière autonome sur des TPE de plus en plus souvent privés de clavier physique. Le Crédit Agricole tente d'y apporter une réponse : en collaboration avec la fintech Handsome et Thalès, la banque verte va déployer Serenipay, une « carte parlante » : une fois insérée dans le TPE, elle se connecte à une application mobile, qui permet à l'usager de bénéficier d'une assistance vocale pour son paiement.

Un capteur biométrique pour pouvoir oublier son code

Une autre innovation va faciliter la vie de celles et ceux qui en ont assez de mémoriser et composer leur code secret à 4 chiffres. Le capteur d'empreintes digitales directement intégré à la carte permet, en effet, de payer sans code à composer, sans contact et sans limites de montant.

L'innovation est encore relativement confidentielle. En France, elle n'est proposée que par BNP Paribas, en option (24 euros par an) sur sa carte Visa Premier, et par certaines caisses locales du Crédit Agricole, là encore sur des cartes haut de gamme. A-t-elle vocation à se démocratiser ? Ce n'est pas évident.

« Il y a un réel intérêt des banques françaises pour la carte biométrique », explique Vincent Mouret, qui connaît bien le sujet, puisque Idemia a été pionnière sur le sujet. Mais il est peu probable que cela se généralise : « Le coût d'une carte biométrique est 10 fois supérieur à celui d'une carte classique », détaille Vincent Mouret. « Il est donc nécessaire que le porteur participe financièrement. Il y a un marché, mais cela ne concernera pas 100% des cartes bancaires ».

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