Le Livret d'épargne populaire (LEP) fait un carton depuis que son taux de rémunération est deux fois supérieur à celui du Livret A. Plus de 10 millions de Français en détiennent désormais un LEP selon la Banque de France. Mais plus de 8 millions de Français éligibles ratent encore l'aubaine de ce livret au rendement imbattable en 2023.

Pour avoir le droit d'ouvrir un livret d'épargne populaire, il faut être majeur, pour pouvoir justifier d'un revenu fiscal de référence (RFR), et ne pas dépasser un seuil de revenus. En faites-vous partie ? Pour le savoir, un coup d'œil à votre avis d'impôt sur le revenu suffit !

Vous pouvez ouvrir un LEP si...Revenus annuels maximum
en France métropolitaine
sur la base du RFR (1)
Célibataire (1 part)21 393 €
Couple sans enfant (2 parts)32 821 €
Parent isolé avec 1 enfant (2 parts)
Couple avec 2 enfants (3 parts)44 249 €

(1) Pour une overture en 2023 : revenu fiscal de référence (RFR) de l'impôt payé en 2022 sur l'année 2021.
Pour plus de détails sur les parts fiscales, lire « Quotient familial 2023 ».
Pour plus de détails sur l'éligibilité au LEP, lire « Conditions d'accès au livret d'épargne populaire ».

Au total, plus d'un tiers des Français majeurs - 35% exactement - ont le droit d'ouvrir un LEP : 18,6 millions de Français ont un RFR inférieur aux seuils ci-dessus, selon la Banque de France, qui a dévoilé des données inédites sur le LEP ce mardi 31 octobre.

Qui sont ces 8,5 millions de Français qui ratent l'aubaine ?

Pourtant... Sur les 18,6 millions de Français éligibles, seuls 10,1 millions ont ouvert un LEP. Donc 8,5 millions de Français éligibles n'ont pas encore fait la démarche d'ouvrir un livret d'épargne populaire. « Le taux de détention du LEP approche donc aujourd'hui 54% de la population éligible, à comparer aux 81% pour le Livret A, ouvert sans condition d'âge ni de ressources », relève la Banque de France.

Mais la Banque de France juge ce cap des 10 millions encore insuffisant : son objectif est « d'atteindre au moins 12,5 millions de LEP d'ici l'été 2024, soit plus des deux tiers des 18,6 millions de personnes éligibles ».

« Les jeunes sont trop peu sensibilisés au LEP »

Qui sont ces plus de 8 millions de Français qui ratent cette aubaine ? Puisque 30 euros suffisent pour ouvrir un LEP, et rien ne vous empêche de piocher dans le matelas d'épargne de précaution que vous y constituez. La Banque de France détaille ce 31 octobre plusieurs profils cible pour les populations éligibles au LEP :

Les foyers les plus fragiles financièrement. La « population en situation de fragilité financière » représente « environ 22% de la population éligible » au LEP, relève la Banque de France. Or, parmi les 10% les plus pauvres de la population, seule une personne sur dix détient un LEP, selon la Banque de France. La faible capacitée d'épargne de ces ménages est évidemment en cause et la Banque de France reconnaît que dans cette frange de la population « la marge de progression ne peut qu'être assez faible en raison de la difficulté à dégager les revenus suffisants ».

Les jeunes. Les « majeurs de moins de 25 ans représentent moins de 2,5% des détenteurs » alors qu'ils représentent 10% de la population et leurs revenus leur permettent le plus souvent d'avoir accès au LEP. Mais il faut être fiscalement indépendant : remplir votre propre déclaration des revenus. Une condition qui écarte d'office une partie des étudiants. « Les jeunes [jeunes adultes, puisqu'il faut être contribuable, NDLR] sont trop peu sensibilisés au LEP », pointait ainsi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, cet été lors d'un point presse. La Banque de France invite les banques à effectuer une « communication ciblée » sur le LEP auprès des jeunes actifs et étudiants éligibles. A contrario, les retraités semblent eux bien plus au fait de leurs droits puisque 39% des détenteurs de LEP ont plus de 65 ans alors que ces seniors ne pèsent « que » 26% de la population majeure en France.

Les détenteurs d'un simple Livret A. Ceux qui « oublient » d'ouvrir un LEP, faute de se pencher sur leur épargne et leurs droits ? Ou faute de notoriété suffisante pour le livret d'épargne populaire ? « Il y a un certain nombre de concitoyens qui ont un Livret A et auraient le droit au LEP. C'est une cible prioritaire », soulignait ainsi François Villeroy de Galhau courant juillet. L'étude de la Banque de France relève ainsi que « certains ménages des premiers déciles », autrement dit parmi les foyers les plus pauvres, « détiennent un Livret A, laissant supposer, malgré des revenus modestes, une capacité d'épargne bien existante ». En clair, ces ménages aux faibles revenus mettent tout de même un peu de côté... sur un Livret A rémunéré à 3%, alors qu'ils pourraient le faire sur un LEP à 6%.

« Certaines banques ne font pas de zèle pour ouvrir de LEP »

Un ultime chantier pour aider ces plus de 8 millions de contribuables à souscrire un LEP est de convaincre les banques de communiquer elles-mêmes, et non pas uniquement la Direction générale des Finances publiques (DGFiP), qui envoie chaque année un message d'information aux foyers éligibles. Mais... « Certaines banques ne font pas de zèle pour ouvrir de LEP », a concédé Marie-Laure Barut-Etherington, directrice générale adjointe en charge des statistiques à la Banque de France, ce mardi face à la presse. Car pour elles, le LEP est coûteux : les banques rémunèrent à part égale avec la Caisse des dépôts les 6% d'intérêt, une facture qui pourrait dépasser les 3 milliards d'euros cette année.

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