Impôts : combien payerez-vous en moins en 2024 avec un barème indexé sur l'inflation ?

Le budget 2024 n'a pas encore été présenté mais Bercy a déjà tranché : le barème de l'impôt sur le revenu suivra l'inflation, afin d'éviter les effets pervers d'une non-indexation. Combien économiserez-vous l'an prochain grâce à l'indexation du barème ?

Un geste ? Vraiment ? La norme, plutôt. Le gouvernement va indexer le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation dans le projet de loi de finances pour 2024. De façon assez contre-intuitive, toute revalorisation du barème vous évite une hausse d'impôt trop franche si votre salaire a progressé. Ou vous offre une baisse d'impôt si vos revenus restent figés.

Cette décision est-elle vraiment étonnante ? Pas vraiment, le gouvernement écrivait lui-même dans sa loi de finances de l'an passé qu'indexer « les tranches de revenus du barème de l'impôt sur le revenu (...) sur la prévision d'évolution de l'indice des prix à la consommation hors tabac » est une habitude : une décision rééditée « comme chaque année au cours de la période récente ». De fait, les derniers gels du barème fiscal datent de 2012 et 2013, sous le gouvernement Sarkozy-Fillon puis Hollande-Ayrault. Depuis, le barème évolue chaque année au rythme de l'inflation.

Quel barème probable en 2024 ?

Révélée par le quotidien Les Echos, l'indexation du barème 2024 a été confirmée par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dès mardi 12 septembre, sur LCI. Verdict : +4,8%. Voici donc le barème revalorisé pour l'impôt 2024.

Pour comparer, voici le barème actuel, celui qui a servi à calculer votre impôt 2023, dont certains s'apprêtent à payer le solde à la fin septembre.

Reste, maintenant, à jauger l'impact d'une telle revalorisation du barème... Cette année, le barème a été revalorisé de 5,4%, ce qui vous avait évité selon Bercy une hausse d'impôt de 6 milliards d'euros. Et l'an prochain ?

Combien allez-vous « gagner » grâce à cette indexation du barème ?

Si vos revenus ne bougent pas, alors la revalorisation du barème va mécaniquement réduire votre impôt sur le revenu. Simulations, avec 5 profils « types ».

• Manon vit seule et touche le Smic : elle gagne actuellement 1 383 euros, net, chaque mois.
• Sabrina est célibataire et gagne 2 000 euros par mois, ce qui correspond à peu près au salaire médian en France : la moitié des salariés du privé gagne moins, l'autre moitié gagne plus.
• Johan vit seul et touche quasi 3 000 euros par mois, net, un revenu bien au-dessus de la moyenne des Français.
• Amina et Gabriel ont 2 enfants à charge. Ils gagnent environ 2 700 euros, net, par mois, chacun.
• Elisabeth et Jacques n'ont plus d'enfants à charge, les leurs ayant quitté le domicile familial. Ils gagnent environ 4 200 euros par mois, chacun.

MoneyVox a simulé leur impôt 2023, lequel portait sur les revenus 2022, sur le simulateur de la direction générale des Finances publiques (DGFiP). Puis la rédaction a estimé leur impôt 2024 avec un barème revalorisé et une règle : leurs revenus n'évoluent pas d'un centime entre 2022 et 2023 ! Mécaniquement, comme le barème, lui, a progressé, ils paient moins d'impôt...

Manon. Non imposable, elle resterait non imposable. Comment l'expliquer alors que ses revenus annuels sont supérieurs au seuil de la « première tranche » à 10 777 euros aujourd'hui et probablement 11 294 euros l'an prochain ? Car le mécanisme de la décote vient réduire ou annuler l'impôt sur le revenu des foyers les plus modestes. Ainsi, de fait, la revalorisation du barème n'a aucun effet pour un contribuable rémunéré au niveau du Smic.

Impôts 2023 : quel est le salaire minimum pour être imposable ?

Sabrina. Dans son cas, le gain fiscal est équivalent à celui de l'an passé, quand le barème a été revalorisé de 5,4%. Elle paiera 123 euros d'impôt (1) en moins en 2024, si jamais elle n'obtient aucune augmentation de salaire d'ici la fin de l'année.

Johan. Avec quasi 3 000 euros par mois, ce célibataire déclare 35 556 euros au fisc à l'année, ce qui donne un revenu net imposable de 32 000 euros après abattement forfaitaire de 10% pour frais professionnels. Un tel revenu, au-dessus de la moyenne des Français, le situe dans la tranche à 30% : cela signifie qu'il ne paie pas d'impôt sur 10 777 euros, qu'il est imposé à 11% sur 17 536 euros et à 30% sur 3 203 euros : c'est le principe du barème progressif. Plus l'on grimpe dans les tranches, plus une revalorisation du barème a un impact important : il économiserait 308 euros si son salaire reste constant sur 2022 et 2023.

Amina et Gabriel. Avec leur deux enfants à charge, ils n'émargent pas dans la même tranche que Johan. C'est le jeu du quotient familial, ils sont dans la tranche à 11%. En 2023, ce couple a payé 2 804 euros d'impôt et ne devra plus s'acquitter que de 2 490 euros en 2024 si leurs revenus ne progressent pas, suite à l'indexation du barème. Soit 314 euros à régler en moins.

Elisabeth et Jacques. Leurs enfants ont quitté le domicile familial depuis quelques années. Sans enfants à charge, ce couple s'acquitte de 14 187 euros d'impôt 2023 pour leurs revenus 2022. En 2024, en cas d'indexation du barème et si leurs ressources n'évoluent pas, ils paieront 13 572 euros d'impôt sur leurs revenus de l'année 2023. Soit 615 euros d'impôt en moins.

Et si votre salaire grimpe, lui aussi, au rythme de l'inflation ?

Si vos revenus 2023 grimpent de 4,8% et que le barème 2024 portant sur ces revenus 2023 augmente lui aussi ce 4,8%... vous payerez toujours autant d'impôt ? « Logique » ? Eh bien non ! Le barème progressif n'est pas si simple.

Dans le cas de Manon, non imposable, une hausse de salaire de quasi 5% ne la ferait pas entrer dans le giron des foyers imposés, toujours grâce à l'effet de la décote.

En revanche, pour tous les autres profils ci-dessus, une hausse de 4,8% des revenus - autant que l'inflation - augmenterait mécaniquement leur impôt, malgré la revalorisation du barème.

Un exemple, avec Johan. Disons qu'il a décroché une augmentation salariale de 4,8% dès les premiers jours de 2023. Il dépasse désormais nettement les 3 000 euros mensuels pour atteindre 3 105 euros par mois, en net. Avec le barème mis à jour, Johan devra s'acquitter de 3 347 euros, soit 153 euros de plus que ce qu'il a payé cette année. Il peut tout de même pousser un « ouf » de soulagement : en cas de gel du barème, son augmentation salariale lui aurait coûté plus cher, 3 655 euros d'impôt, soit 461 euros de plus que cette année.

Nouveau barème 2024 : vais-je réellement éviter une hausse d'impôt si mon salaire a augmenté ?

(1) Avec ce niveau de ressources, Sabrina figure dans la tranche à 11% et bénéficie du complexe mécanisme de la décote. Ce mécanisme réduit son impôt annuel de 294 euros. MoneyVox a calculé une décote de 360 euros pour son impôt 2024 suite à la revalorisation des seuils.