Constatant que le taux de son Livret A (3%) est bien inférieur à l'inflation, Claude, lecteur de MoneyVox, s'interroge sur les raisons de ce qu'il considère comme une injustice. Voici ce qu'on peut en dire.

Question de Claude, posée le 25 août 2023

« Je voudrais savoir pourquoi les Livrets A n'augmentent pas comme l'inflation. C'est très injuste. »

Bonjour Claude, et merci pour votre question. Nous ne débattrons pas ici de l'injustice, ou non, du mode de fixation actuel du taux du Livret A. Nous pouvons, en revanche, vous rappeler pourquoi le rendement de ce dernier, depuis début 2017, est presque systématiquement inférieur à l'inflation, en dehors d'une parenthèse d'un an, entre avril 2020 et avril 2021. En clair, pourquoi l'argent déposé sur votre Livret A perd en permanence un peu de son pouvoir d'achat, comme le montre ce graphique :

© MoneyVox

Commençons par un rappel : depuis près de 20 ans, le taux du Livret A, et par extension ceux des autres livrets réglementés, est censé être actualisé deux fois par an, en février et en août, en fonction du résultat fourni par une formule de calcul, inscrite dans la loi. Longtemps, cette formule a été conçue de telle manière que le taux du Livret A ne pouvait être inférieur à l'inflation hors tabac.

Ce « plancher inflation », toutefois, a disparu depuis 2018, à la suite de la dernière réforme en date de cette formule de calcul, voulue par celui qui reste actuellement ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Symboliquement, le Livret A n'est donc plus ce produit conçu pour protéger l'épargne populaire contre les effets de la hausse des prix. Ce rôle est désormais dévolu au LEP, un produit moins universel puisqu'il n'est accessible qu'aux contribuables les plus modestes.

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Un taux souvent choisi par l'exécutif

Dans les faits, toutefois, la disparition de ce « plancher inflation » est presque anecdotique. Car même avant cette réforme, l'exécutif avait pris l'habitude de rarement tenir compte de la formule de calcul, préférant choisir le taux du Livret A, selon d'autres critères : l'intérêt des épargnants, mais aussi celui des banques qui distribuent le Livret A et des bailleurs sociaux qui utilisent cette ressource pour financer leurs HLM.

Il en a le droit : la réglementation lui donne ce pouvoir de dérogation, sur proposition du gouverneur de la Banque de France et en cas de « circonstances exceptionnelles ». L'exceptionnel, cependant, est plutôt devenu la norme, comme nous l'expliquions récemment dans cet article.

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L'intérêt de l'épargnant au second plan

La dernière révision en date, au 1er août dernier, a donné une bonne illustration des enjeux qui entourent la fixation du taux du Livret A. En choisissant de maintenir son rendement à 3% en usant de son pouvoir de dérogation, l'exécutif a clairement fait passer l'intérêt des épargnants au second plan. Car, non seulement le taux du Livret A est aujourd'hui nettement inférieur à l'inflation, mais qu'il est aussi très en dessous de ce qu'il aurait dû être si le résultat de la formule avait été retenu : 4,10%.

Pire, le ministre de l'Economie a d'ores et déjà annoncé que ce taux de 3% ne bougerait avant le 1er février 2025, que les circonstances, d'ici là, sont exceptionnelles ou non. Un choix considéré par certains comme très injuste... et possiblement illégal, un recours ayant été déposé devant le Conseil d'Etat à ce sujet.

« Le taux du livret A à 3% peut-il être gelé jusqu'en 2025 ? »... La justice va devoir trancher