Alors que plus de 8 Français sur 10 détiennent un Livret A, il n'est véritablement intéressant que pour la moitié d'entre eux. Les autres ont des alternatives plus rentables et adaptées.

Jamais les Français n'avaient collectivement déposé autant d'argent sur leur Livret A. A fin juillet, 344,4 milliards d'euros étaient logés sur les Livrets A, selon le dernier décompte de la Caisse des Dépôts, en hausse de 38 milliards d'euros (+12%) depuis les débuts de la crise sanitaire en mars 2020. Mais l'intérêt pour ce livret réglementé ne remonte pas à 18 mois. Vieux de 200 ans, il est un incontournable du patrimoine financier des Français, détenu par 82% des Français selon le dernier Observatoire de l'épargne réglementée. Un engouement porté également par les banques qui le mettent en haut de leur catalogue de livrets. Pour intéresser les parents de jeunes enfants, la Caisse d'Epargne le propose même en version « à connecter » : le Livret A est alors transformé en sorte de tirelire en ligne à partager avec les proches.

Outre le poids de la tradition – offrir un Livret A aux enfants en bas âge –, la baisse des taux d'intérêt de l'épargne sans risque (livrets bancaires, fonds euros, comptes à terme) participe aussi à renforcer l'attractivité du Livret A dans le discours ambiant. Sa rémunération à 0,5%, son plancher, est effectivement 7 fois plus élevée que la moyenne des livrets des banques, à 0,07% après prélèvements fiscaux et sociaux. Mais cet écart ne concerne pleinement qu'une partie des Français, ceux qui sont imposés.

Les meilleurs livrets des banques avec dispense d'acompte

En effet, près d'un ménage sur 2 n'est pas redevable de l'impôt sur le revenu (43% en 2018). Pour eux, donc, certains livrets bancaires continuent à faire jeu égal avec le Livret A, comme le livret de PSA Banque, de RCI Bank ou encore de MyMoneyBank à la rémunération de 0,6%, soit 0,5% après déduction des cotisations sociales. Les ménages non imposables restent en effet redevables des prélèvements sociaux (17,2%). S'agissant du livret de MyMoneyBank, commercialisé aussi par l'intermédiaire de la plateforme Cashbee, la fréquente bonification à la souscription permet même de dépasser le rendement du Livret A.

En pratique toutefois, l'application de la fiscalité des livrets peut amoindrir l'avantage d'un ménage non imposé à préférer un livret bancaire. Sans action de la part de l'épargnant à petits revenus, la ponction de l'impôt s'effectue en début d'année, au moment du versement des intérêts. Et, cette somme n'est éventuellement rendue qu'à l'été suivant, au moment du reversement des trop payés. C'est pourquoi, pour éviter d'avancer de l'argent au Trésor public, les ménages non imposables doivent veiller à demander la dispense du prélèvement de la part fiscale. La démarche est à faire chaque année, au plus tard fin novembre, auprès de l'établissement chez qui ils détiennent le livret.

Le LEP plus intéressant pour la moitié des Français

Mais il y a mieux encore : le Livret d'épargne populaire (LEP). La moitié des Français devraient le préférer au Livret A. Il est en effet rémunéré 1%, le double du Livret A, sans fiscalité ni cotisations sociales. Or, alors que 50% des ménages peuvent en ouvrir un, seuls 14,3% des Français détenaient un Livret d'épargne populaire en 2019, selon l'Observatoire de la Banque de France sur l'épargne réglementée.

Plafond de Revenu fiscal de référence pour détenir un LEP en 2022
Parts de quotient familialFrance métropolitaineMartinique, Guadeloupe, La RéunionGuyaneMayotte
Première part20 016 €23 687 €24 763 €37 113 €
Majoration pour la première demi-part supplémentaire+ 5 345 €+ 5 658 €+ 6 817 €+ 10 212 €
Majoration pour les demi-parts supplémentaires suivantes+ 5 345 €+ 5 345 €+ 8 007 €
Soit pour 2 parts fiscales (couple marié ou pacsé, personne isolée avec un enfant, personne seule avec 2 enfants)30 706 €34 690 €36 925 €55 322€

Les détracteurs du LEP peuvent lui reprocher son plafond de versements de 7 700 euros, contre 22 950 euros pour le Livret A, mais le LEP est cohérent avec le but de l'épargne de précaution qui est de mettre de côté entre 3 et 6 mois de revenu mensuel. Un objectif qui peut prendre au piège les ménages au budget particulièrement serré.

Pas de livret pour les plus précaires

En effet, pour les ménages en grande précarité financière, dont le reste à vivre une fois les factures réglées permet tout juste de se nourrir, avoir un livret et vouloir l'alimenter à tout prix peut s'avérer dangereux. « Nous constatons dans les dossiers que nous traitons que parfois les virements d'épargne sont programmés et peuvent avoir un effet désastreux : les personnes n'ont plus la capacité d'épargner, mais ne déprogramment pas leurs virements programmés. Résultat, elles se retrouvant avec 80 euros de frais bancaires parce qu'elles ont mis 20 euros sur leur Livret A », faisait récemment remarquer à MoneyVox Crésus, une association venant en aide aux personnes en difficultés financières.

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