Mettre un peu d'argent de côté, rapidement disponible, en prévision des coups durs, c'est l'une des fonctions premières des livrets d'épargne réglementée : Livret A, LDD ou LEP selon les cas. Les conseillers bancaires chiffrent le montant à conserver sur ces livrets en nombre de mois de revenus. Combien ? Il n'existe pas de réponse universelle : tout dépend des projets de chacun. Points de vue croisés.

Accident de voiture, réparations diverses, chaudière à changer, frais de dentiste, achat coup de cœur... Financer ses dépenses imprévues sans toucher à l'épargne placée à long terme, c'est l'objectif de l'épargne de précaution. Mais le montant à provisionner recommandé peut varier du simple au double : 1, 2, 3, voire parfois 6 mois de salaire en fonction des banques et des interlocuteurs.

La fourchette la plus couramment citée par les banques est « 2 à 3 mois de salaire », à l'image de la réponse apportée par la Société Générale. Un matelas que les banques recommandent de se constituer progressivement et sans effort en mettant en place des versements programmés.

« 2 à 3 mois », une règle qui ne fait toutefois pas totalement consensus. Ainsi le Crédit Agricole, par l'intermédiaire de Véronique Lopez, responsable marketing épargne de la banque, confiait récemment qu'il n'existe pas de règle intrinsèque. C'est le rôle du conseiller de déterminer une stratégie d'épargne personnalisée. Le Crédit Agricole fixe néanmoins une horizon : avoir plusieurs mois de salaire d'avance. « Dans le cadre de notre démarche commerciale, nous préconisons de mettre 6 mois de revenus de côté », souligne ainsi Véronique Lopez. « Il s'agit évidemment d'une moyenne, car si vous gagnez 1 000 euros ou 10 000 euros mensuels, les sommes en jeu ne sont pas les mêmes », poursuit-elle.

« Prendre l'habitude d'épargner »

Ce type de discours est régulièrement repris par les banquiers et également par les parties prenantes des Points conseil budget lancés sous la présidence Hollande. « Nous n'avons pas de recommandation concernant la gestion du Livret A ou de l'épargne de précaution : plusieurs salaires, cela peut sembler inatteignable pour les personnes en difficulté. On conseille juste d'essayer de prendre l'habitude d'épargner en fonction de ses ressources, quel que soit le montant », nous indiquait ainsi l'Agence nouvelle des solidarités actives quelques mois après le lancement de ces plateformes d'aide aux personnes en difficulté financière. D'autres organisations qui participent aussi aux Points conseil budget font toutefois des recommandations plus précises, à l'image de Crésus qui préconise d'épargner un dixième de ses ressources par mois.

Lire aussi : Epargne : combien mettre de côté chaque mois ?

Les conseillers en gestion de patrimoine font logiquement face à un public différent. Benjamin Clavel, associé du cabinet CPS (Conseils patrimoine services), table sur un matelas de « 3 à 6 mois de revenus d'avance au titre de l'épargne de précaution, sur des livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP s'ils y ont accès) ». Pourquoi une si large fourchette ? « Certains auront l'impression d'être ''démunis'' avec seulement 3 mois de revenus sur un livret alors que d'autres souhaitent optimiser au mieux le rendement de leur trésorerie (et tendront donc vers les 3 mois d'avance). » Benjamin Clavel souligne aussi que ses clients aux « revenus fortement variables » optent plutôt pour « une réserve de 6 mois pour pallier une éventuelle baisse de salaire ».

Un maximum plutôt qu'un objectif minimum ?

Six mois, c'est a priori trop pour les conseillers bancaires de la Société Générale. La banque rouge et noire conseille « au-delà de 3 mois de salaire » de diversifier ses placements pour constituer et/ou valoriser un capital à plus long terme et préparer ses projets futurs.

Cette diversification suppose de sortir des supports d'épargne habituels que sont notamment le Livret A et le LDDS dont les encours atteignent un record à fin 2018. Ces deux placements sont pourtant peu rémunérateurs (0,75% jusqu'en 2020) pour l'usager, mais aussi pour la banque puisqu'environ 60% des sommes placées sur ces livrets sont centralisés au sein du fonds d'épargne géré par la Caisse des dépôts.

Valoriser son épargne suppose aussi d'accepter de prendre plus de risque. Car, avec l'érosion des taux d'intérêt, les placements à capital garanti rapportent rarement plus que les livrets d'épargne réglementée. Certains fonds en euros accessibles dans le cadre d'assurances vie font toutefois mieux que le Livret A, y compris en 2018. Il s'agit essentiellement des supports euros présents dans les contrats des associations d'épargnants (Gaipare, Afer...) et des fonds euros des contrats web, assurés par Suravenir notamment (Lire à ce propos notre palmarès 2018 des fonds euros).

Retrouvez la seconde partie de ce zoom sur la gestion de budget : Faut-il laisser tout son salaire sur son compte courant ?