Face au défi de la transition écologique, un député LREM veut mieux utiliser l'épargne des Français pour développer la finance verte. Et avec leurs 437 milliards d'euros d'encours, les livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire représentent une manne non négligeable. L'assurance vie est aussi dans le viseur.

C'est une proposition qui pourrait avoir une incidence directe sur l'épargne des Français ou du moins son utilisation. Mercredi, le député LREM des Français de l'étranger Alexandre Holroyd, a remis un rapport aux ministres Bruno Le Maire et Barbara Pompili pour relever le défi de la transition écologique. Et parmi les 24 propositions de l'élu, une transformation du Livret A et une modernisation du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS). Rien de moins que deux placements très prisés des Français.

Dans son document intitulé « Choisir une finance verte au service de l'Accord de Paris » en écho au texte signé à l'issue de la Cop21 de 2015, Alexandre Holroyd propose d'abord de les fusionner « en adaptant les plafonds pour accroitre la lisibilité du marché de l'épargne ». Le plafond du Livret A est de 22 950 euros et de 12 000 euros pour le LDDS. « L'intégralité des utilisations faites des encours devra répondre à un impératif de transition », souligne le texte.

Recentrage du LDDS ?

L'autre piste serait de concentrer le LDDS sur la transition écologique de manière moins marginale qu'aujourd'hui. « Celui-ci devra alors être soumis à des conditions d'utilisations de l'épargne exclusivement dédiées à la transition au travers d'une nouvelle capacité d'investissement », notamment dans des fonds labélisé Greenfin et Transition, ou encore des obligations vertes, explique le rapport de 144 pages.

Ce projet répond aussi à l'une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat de permettre aux particuliers de demander le fléchage de leur épargne réglementée (Livret A, LDDS, Livret d'épargne populaire...) vers la transition climatique.

« Ma conviction est que cette crise doit impérativement être un accélérateur du développement de la finance verte. Nous ne réussirons la transition que par un engagement collectif et total », insiste Alexandre Holroyd. Et le potentiel est immense : 55 millions de Français ont un livret A - dont le taux ne devrait pas changer début août - et 24 millions un LDDS. Depuis janvier, plus de 26 milliards d'euros y ont été placés pour un total estimé à 437 milliards d'euros sur ces deux produits.

L'assurance vie dans le viseur

Autre placement qui pourrait être concerné : l'assurance vie et ses 1 800 milliards d'euros d'encours. Si près des 4/5ème sont placés en fonds euros, 22% le sont en unités de compte (UC), potentiellement plus rentables, mais qui n'apportent pas une garantie du capital au souscripteur.

Dans son rapport, le député propose d'approfondir les avancées de la loi Pacte qui obligent, depuis le 1er janvier, les distributeurs de proposer dans leurs contrats au moins une unité de compte labellisée verte, responsable ou solidaire. Dès le 1er janvier 2022, l'obligation sera même de proposer au moins une UC de chacune de ces catégories. Alexandre Holroyd veut aller encore plus loin. Il considère « que des trajectoires de part minimum d'investissements labélisés doivent être introduites dans les produits d'assurance vie (UC et Euro) ».

« L'Etat et l'Union européenne s'apprêtent à engager des plans de relance massifs pour transformer notre économie vers un modèle durable et neutre en carbone. Il faut absolument que les investissements privés suivent le même chemin et que la finance verte change d'échelle. Les propositions d'Alexandre Holroyd vont permettre d'avancer dans cette direction », s'est félicité la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, quand son collègue de l'Economie Bruno Le Maire souhaite que la France conserve « le leadership acquis par la Place de Paris en matière de finance verte. »

Voir aussi le comparatif des contrats d'assurance vie