La baisse du taux du Livret A sera l'occasion pour certains de revoir leurs choix de placement. Mais existe-t-il vraiment des alternatives sans risque et mieux rémunérées ?

C'est officiel : dès le 1er février prochain, le taux du Livret A passera de 0,75% à 0,50% net, du jamais-vu ! S'agissant d'un produit détenu par 55 millions de personnes, ce repli modifie forcément le paysage français de l'épargne, et fournit une occasion de revoir ses choix de placement. Après l'avoir plébiscité en 2019 - 16 milliards de collecte nette entre janvier et novembre, en attendant les chiffres de décembre -, allez-vous bouder le Livret A en 2020 ? Et si oui, vers où orienter vos flux de placement en quête de rendement, mais sans prendre de risques ? Petit tour d'horizon des alternatives.

Le PEL revient dans le jeu

Avec la baisse du taux du Livret A, c'est toute l'épargne réglementée qui va se retrouver au plancher. Le rendement du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), calqué sur le Livret A, va également baisser à 0,5% au 1er février, tandis que celui du Compte Epargne Logement (CEL) sera ramené à 0,25%. Aucun intérêt, donc.

Même le Livret d'Epargne Populaire (LEP) est entraîné dans la chute. Régulièrement présenté par la communication gouvernementale comme un rempart contre l'inflation, son taux va néanmoins être ramené à 1%. Soit en dessous du dernier indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac connu, celui de décembre 2019 : +1,2% sur un an. Comme pour le Livret A, l'exécutif a choisi d'appliquer à la lettre la nouvelle règle de calcul, en prenant comme référence non pas ce dernier IPC connu, mais sa moyenne sur les six derniers mois, qui elle se situe à 0,9%. Pas de coup de pouce, donc, pour le LEP.

Dans ce contexte, un produit retrouve du lustre : le Plan Epargne Logement (PEL), dont la « mort » symbolique avait pourtant été annoncée après que son taux a été ramené à 1% (pour les plans ouverts à partir d'août 2016), puis ses intérêts fiscalisés dès la première année (à partir de janvier 2018). Résultat : une décollecte nette de près d'un milliard d'euros en 2019. Mais 2020 se présente sous de meilleurs auspices. Grâce au prélèvement forfaitaire unique (PFU), qui fixe à 30% le taux global d'imposition, son rendement net est en effet de 0,70% actuellement, soit 0,2 point au-dessus du Livret A. Voire plus pour les chanceux qui détiennent des PEL de moins de 10 ans, donc toujours susceptibles de recevoir des versements, qui peuvent être rémunérés jusqu'à 2,07% net pour les plus anciens.

Les deux produits, toutefois, ne sont pas interchangeables. Certes, le PEL propose aussi une garantie sur le capital placé. Mais il impose aussi un effort régulier d'épargne : au moins 540 euros par an. Surtout, il n'est pas liquide : tout retrait entraîne la clôture du compte. Pas très pratique, donc, pour une épargne de précaution, censée être disponible à tout moment pour faire face à un coup dur.

Quelques livrets bancaires vont battre le Livret A

Comme le PEL, les livrets bancaires ont perdu presque tout intérêt ces dernières années, directement affectés par le contexte de taux bas. Pour la plupart d'entre eux, la baisse du Livret A ne va rien changer : en moyenne, ces livrets « ordinaires » rapportaient en effet en moyenne 0,17% en novembre dernier, selon la Banque de France. Une rémunération brute, dont il faut défalquer les 30% de PFU.

Dans ce contexte, quelques livrets bancaires ont tout de même réussi à maintenir des rendements décents. Ils sont généralement distribués par des banques dites « captives », c'est-à-dire qui ont besoin de dépôts pour refinancer leur activité de prêts mais ne disposent pas de réseau bancaire pour les collecter, et sont donc prêtes à consentir un effort. C'est le cas par exemple de PSA Banque, filiale du constructeur automobile Peugeot-Citroën, avec son son Livret Distingo, ou de RCI Bank & Services, « captive » du groupe Renault-Nissan, avec son Livret Zesto. Deux produits qui affichent actuellement, hors promotion de bienvenue, un taux de 0,80% brut, soit 0,56% net de PFU. Légèrement au-dessus au Livret A.

D'autres acteurs, plus confidentiels, pourraient également tirer leur épingle du jeu. Deux jeunes pousses notamment, Cashbee et Bruno, proposent aux particuliers de les aider à épargner, à travers l'analyse de l'activité de leurs comptes bancaires. Des applications capables ensuite de placer automatiquement les excédents sur des livrets bancaires, rémunérés actuellement à 1%, soit 0,70% net de PFU.

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Les assureurs vie se frottent les mains

Autre produit phare du paysage de l'épargne en France, l'assurance vie sort d'une bonne année 2019 : autour de 25 milliards d'euros de collecte nette. L'année 2020, toutefois, s'annonçait moins favorable, après que la plupart des assureurs vie ont annoncé des rémunérations en nette baisse pour leurs fonds euros, dont le rendement moyen 2019 devrait se situer autour de 1,4%, avant prélèvements fiscaux et sociaux, en baisse de 0,4 point.

Logiquement, le repli d'un demi-point du taux du Livret A est plutôt une bonne nouvelle pour eux : il compense en effet largement la perte de compétitivité de leurs fonds euros. Suffisant pour convaincre les épargnants de revoir leurs choix de placements ? Pas évident.

Les deux produits diffèrent en effet, en termes de fiscalité bien sûr, mais aussi de liquidité : si certains assureurs promettent une disponibilité en 48 heures, il faut parfois patienter une dizaine de jours avant de récupérer ses fonds, ce qui rend l'assurance vie moins adaptée pour une épargne de précaution.

Autre frein potentiel : la raréfaction des contrats 100% euros. De plus en plus de contrats ajoutent des conditions de versement en unités de compte, et vous obligent donc à vous exposer, même faiblement, à une perte de capital. De quoi freiner l'appétit des plus frileux.

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