Alors que le gouvernement vise 700 000 rénovations énergétiques par an et souhaite faciliter le parcours avec la mise en place de Mon Accompagnateur Rénov', force est de constater que les particuliers qui se lancent dans une rénovation font encore face à de nombreuses difficultés.

623 790 logements rénovés en 2023, contre 670 000 en 2022. Alors que l'objectif affiché par le gouvernement est de 700 000 rénovations énergétiques par an, force est de constater que les propriétaires concernés se sont montrés frileux ces derniers mois. Si Thierry Repentin, président de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), pointait fin janvier « l'inflation, qui a renchéri les coûts », comme cause possible de ce phénomène, les propriétaires bailleurs pointent plutôt du doigt les nombreuses difficultés rencontrées.

Dominique a acheté une vieille maison pour en faire sa résidence principale il y a 3 ans. Une maison « mal isolée et mal chauffée, avec des vieux radiateurs. » Il y a un an, elle décide donc de réaliser des travaux d'isolation et de changer le système de chauffage. « J'ai tout de suite téléphoné à l'Ademe [l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, NDLR] et l'ANAH, pour avoir les bons interlocuteurs, pose Dominique, qui avait déjà rénové deux autres biens avant celui-ci. L'Ademe m'a donné des conseils théoriques sur ce que je pouvais faire, comme changer toutes les fenêtres, mais sans prendre en compte mon budget. Le coût était inimaginable. C'est moi qui ai dû décider, seule, de ce que je devais faire. »

Jusqu'ici, un manque d'accompagnement pour les particuliers

Commencent alors de nombreuses recherches, pour préparer au mieux son projet, trouver les artisans, faire des devis, s'intéresser aux aides... « La rénovation énergétique, c'est un peu le parcours du combattant, regrette Dominique. J'ai trouvé ça très compliqué, on ne sait pas trop à qui s'adresser. Ce que j'aurais aimé, c'est que quelqu'un vienne chez moi, me dise quels étaient les travaux primordiaux. On est accompagné dans la théorie, mais entre ça et la réalisation des travaux c'est le grand vide. Il faut vraiment se débrouiller tout seul. »

« Le parcours est aujourd'hui bien trop complexe »

Certaines entreprises proposent cependant de venir en aide aux particuliers qui se lancent dans la rénovation. C'est le cas de Préservation du patrimoine, entreprise spécialisée dans la rénovation énergétique. « Notre volonté, c'est d'accompagner le client de A à Z. Depuis le mois de juin, nous avons développé un modèle des mandataires dans le but d'avoir plus de proximité avec le particulier qui engage des travaux et que ce dernier n'ait qu'un seul interlocuteur, détaille Michaël Brochard, directeur général de Préservation du patrimoine. En effet, le parcours pour obtenir les aides de l'État est assez fastidieux et on est persuadé que sans cette proximité, c'est très difficile à obtenir. Le parcours est aujourd'hui bien trop complexe. »

Malgré toute la bonne volonté du propriétaire, d'autres difficultés peuvent survenir. « J'ai l'exemple d'un propriétaire dans une résidence collective qui ne peut pas effectuer ses travaux car il faut un accord global de la copropriété pour faire les travaux. Il ne peut quasiment rien faire pour que son logement échappe à l'interdiction de location », confirme Jean-Louis Pradoux, dirigeant d'Objectif Eco Energie.

« Les prix variaient du simple au double en fonction des devis »

Une fois actée la possibilité de faire les travaux, effectuer les devis peut également prendre du temps. « Par rapport à mes travaux, les prix variaient du simple au double en fonction des devis, assure Dominique. Comme il y a des primes, certains artisans n'hésitent pas à gonfler un peu les prix, en nous promettant que tout sera remboursé. » Un avis partagé par Jean-Louis Pradoux : « Même si c'est une minorité, il peut y avoir des artisans mal intentionnés, qui se disent que comme c'est subventionné, ils peuvent facturer plus cher. »

Sauf qu'une fois les artisans trouvés, vient pour le particulier le moment de mettre la main à la poche : « On avance tous les frais, sans savoir si on va recevoir les primes, c'est la galère, souffle Dominique. Il faut tout avancer, j'ai payé et j'attends de toucher la prime. Après un an, je n'ai toujours rien reçu. Il y a beaucoup de papiers à faire, un contrôle de l'Anah pour vérifier les travaux... Il y a toujours de l'inquiétude, j'ai des gens autour de moi qui ont engagé des gros travaux et qui n'ont jamais reçu les aides parce que les papiers étaient mal faits. »

Pompe à chaleur, MaPrimeRenov'... Ces aides pour la rénovation énergétique à réclamer en 2024

Comment faire alors, quand on n'a pas les moyens de payer ses travaux énergétiques ? Certaines entreprises se penchent sur le sujet, à l'image de Vasco, qui propose des solutions de financement pour les travaux de rénovation énergétique globale. « Contrairement à une banque, Vasco ne prête pas d'argent à ses clients mais paye 100% de leurs travaux en échange d'une part de leur bien. Ainsi, les ménages bénéficient du confort et des économies d'énergie de leur rénovation sans débourser un euro jusqu'à la vente de leur bien », explique l'entreprise, qui cite l'exemple d'une propriétaire d'un petit pavillon chauffé au gaz, avec un DPE G. « [Cette propriétaire] n'a trouvé aucune solution pour financer les 22 000 euros de reste à charge des travaux nécessaires pour continuer à louer sa maison au-delà du 1er janvier 2025, date d'interdiction de location pour ce type de logement. Vasco finance l'intégralité de ses travaux en échange de 10% de sa maison, lui permettant, sans rien débourser, de gagner 5 étiquettes énergétiques pour continuer à la louer ».

Ce qui change depuis le 1er janvier 2024

Depuis le 1er janvier 2024, l'accompagnement avec MonAccompagnateurRénov' est imposé pour les demandes d'aide impliquant au moins 2 postes de travaux éligibles à MaPrimeRénov', dont le coût est supérieur à 5 000 euros chacun (le montant global devra donc, lui, être supérieur à 10 000 euros), ainsi que pour les rénovations d'ampleur.

« Jusqu'ici, le particulier pouvait aller voir France Rénov' ou faire appel à un maître d'œuvre ou directement à des artisans, explique Jean-Louis Pradoux. Depuis le 1er janvier 2024, il n'y a plus qu'un seul endroit où les gens qui veulent faire une rénovation d'ampleur peuvent aller pour avoir l'accompagnement global. C'est l'Anah qui pilote l'ensemble des subventions. Le parcours est donc simplifié, c'est une bonne chose pour les particuliers. Désormais il y a un point d'entrée unique avec une liste de professionnels agréés. Sur le papier, c'est plus simple pour le particulier. »

Rénovation énergétique : pourquoi vous devez vous dépêcher pour effectuer vos travaux