Selon plusieurs agents immobiliers, les biens situés dans certaines rues parisiennes sont particulièrement compliqués à vendre. Si les raisons sont multiples, elles peuvent également évoluer au fil du temps.

Un appartement de 58m2, « parfait état, du cachet, lumineux, beau parquet, bel immeuble, parties communes nickel, une cour avec beaucoup de charme... » Sur le papier, l'annonce est alléchante. Le souci : l'appartement est situé à proximité immédiate de la prison de la Santé, à Paris. Une localisation qui pose problème, à en croire Barnabé Abadie, directeur de l'agence Fredelion rue d'Alésia (XIVe).

Ce dernier explique ainsi dans Le Parisien que malgré les nombreuses visites, « les gens rentraient chez eux et nous rappelaient pour nous dire : On s'est renseigné, le quartier a mauvaise presse avec ses parloirs sauvages en bas de la prison, le vis-à-vis avec les cellules, l'ambiance... On ne le sent pas ». Résultat : la propriétaire a dû se résoudre à rester chez elle, à défaut de vendre son bien.

Délinquance, trafic de drogue et prostitution peuvent coûter cher aux propriétaires

D'autres rues sont également snobées par les acheteurs parisiens. Yann Jehanno, président du réseau d'agences Laforêt, cite par exemple la rue Erlanger, dans le 14e arrondissement, considérée comme la plus « maudite » de Paris. Il faut dire que cette dernière a vu se produire de nombreux faits divers, du suicide de Mike Brandt en 1975 à un incendie criminel faisant 10 morts et 96 blessés en 2019.

Plus prosaïquement, certains biens situés dans le 10e, le 18e ou encore le 19e arrondissement sont également boudés, notamment dans les rues marquées par la prostitution, la délinquance ou encore le trafic de drogue.

Si vous habitez dans l'une de ces rues, pas d'inquiétude : la roue peut parfaitement finir par tourner. « Des bouts de rues jadis embouteillées qui changent de sens, ou deviennent en sens unique, s'apaisent, comme les rues d'Alésia (XIVe) et d'Amsterdam (IXe) ou encore mieux, des voies qui deviennent piétonnes comme la rue de Moscou (VIIIe). Le quartier de Bercy, infréquentable il y a vingt ans et devenu, avec la réhabilitation, branché », estime ainsi Éric Allouche, directeur général chez Era Immobilier, toujours auprès du Parisien.