Alors que trouver un logement à louer est désormais un chemin de croix dans de nombreuses villes françaises, certains n'hésitent plus à falsifier leur dossier pour décrocher le Graal. Une technique qui peut parfois se retourner contre le locataire.

Avez-vous déjà menti sur votre dossier de location pour le rendre plus attractif ? Si oui, vous n'êtes pas seul. Fiches de paye revues à la hausse, avis d'imposition falsifié... Certains locataires n'hésitent plus à avoir recours à la triche pour faire passer leur dossier en haut de la pile. Selon le gestionnaire Imodirect, 12% des dossiers transmis en province comportent au moins un élément falsifié. À Paris et en première couronne, ce chiffre monterait même à 23%, soit près d'un dossier sur quatre.

Il faut dire que la situation ne cesse d'empirer pour les candidats à la location. Alors que le score de tension locative [calculé sur la base d'un ratio entre le nombre de candidats locataires ciblant une zone, et le nombre d'offres de location dans cette zone, NDLR] sur l'ensemble de la France s'établit à 3,35 cette année (contre 2,71 en 2022), ce score grimpe à 9,79 à Rennes, faisant de la cité bretonne la ville plus tendue pour les recherches de location, devant Lyon (9,76) et Annecy (8,83). Paris arrive en 4e position, avec un score de tension locative de 7,18.

Mentir sur son dossier, sans risque ou presque ?

Face à ces difficultés, et alors que les propriétaires demandent bien souvent de gagner au moins 3 fois le montant du loyer pour espérer louer, la tentation est forte pour certains d'embellir un peu leur dossier. Mais que risque-t-on à falsifier son dossier de location ? « Lorsqu'il y a falsification, il n'y a jamais de procédure lancée, annonce Patrice Petit, manager du pôle administration de biens du réseau Orpi, auprès de RMC Conso. Le dossier est tout simplement écarté ». En clair, à part le risque de se voir blacklister de l'agence immobilière, peu de risque d'avoir des problèmes.

Et si la supercherie n'est pas découverte au moment de l'étude du dossier, aucun risque d'être inquiété, assure Arnaud Hacquart, président d'Imodirect : « Il est rare qu'un propriétaire remarque la tromperie après l'entrée du locataire dans son logement, si celui-ci honore son loyer sans problème ».

En revanche, dans le cas où un mauvais payeur aurait décidé de mentir sur son dossier, ce dernier peut lui valoir de sérieux ennuis. Car si la peine n'est dans les faits quasiment jamais prononcée, tricher sur ses documents relève de l'usage de faux, un délit passible de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende selon l'article 441-1 du Code pénal. Comme le rappelle France Info, en 2022, le tribunal de Vannes avait condamné à quatre mois de prison ferme et à 2 500 euros d'indemnisation un locataire qui a falsifié plusieurs bulletins de salaires pour décrocher un logement.

Immobilier : pour les locataires, trouver un logement est désormais un enfer