Les Français n'empruntent plus. Ou presque. Selon les dernières données de la Banque de France, la production de nouveaux crédits a chuté de 19 milliards d'euros à 11,1 milliards d'euros en l'espace de 1 an. Soit une baisse de 41%.

Après plusieurs années d'exubérance, les vannes du crédit sont à présent grippées. En cause : le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) et, dans une moindre mesure, la hausse du coût de la vie.

Le grand argentier a de fait relevé ses taux directeurs à 9 reprises depuis juillet 2022. Soit la hausse la plus rapide jamais observée. Résultat ? Les taux moyens des crédits ont grimpé à 3,75% sur 15 ans, 3,90% sur 20 ans et 4,20% sur 25 ans, selon le courtier Vousfinancer.

Les prix résistent encore

« Pour un prêt de 200 000 euros sur 20 ans, les mensualités ont augmenté et afin de compenser cette hausse, il faudrait gagner 25% de plus ou que la valeur des biens s'effondre de 25%. », indiquait Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux, lors d'une interview.

Or justement, les prix de la pierre ne baissent pas. Ou trop peu. Selon l'indice Meilleurs Agents - Les Echos, le prix moyen du mètre carré a progressé de +0,1% sur un mois. Au 1er août, il atteignait ainsi 3 176 euros.

Derrière ce prix moyen, se cachent toutefois de profondes disparités. Dans certaines villes, comme Nice et Toulon, les prix poursuivent leur envolée, avec près de +6% de hausse sur les 12 derniers mois.

À l'inverse, ils reculent nettement dans plusieurs grandes métropoles, comme Lyon (-8,4%) et Bordeaux (-7,3%). Même son de cloche à Paris, où les notaires du Grand Paris anticipent des prix en baisse de -5% sur l'année.

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La fin des années folles

Pas de quoi compenser la remontée des taux. Et malgré les efforts du gouvernement pour assouplir les règles d'octroi du crédit, notamment avec la mensualisation du taux d'usure, les ménages français sont de moins en moins finançables.

Alors qu'en janvier 2021, près de 70% des ménages avaient un taux d'endettement sous la limite légale de 35%, à peine un dossier sur deux reste aujourd'hui finançable, d'après les estimations du courtier Meilleurtaux.

Rien d'alarmant, estime toutefois François Mouriaux, directeur des statistiques monétaires et financières de la Banque de France, interrogé dans les colonnes du Parisien et pour qui nous sommes « dans une phase de normalisation ».

L'institution se refuse à tout assouplissement des normes d'endettement, et aucun ajustement n'est prévu à l'occasion de la prochaine réunion du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) en septembre.

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