Les taux sont bas, à des niveaux record. Et les récentes annonces de la BCE ne font que confirmer la perspective de crédits immobiliers bon marché pour de nombreux mois encore. Y compris sur les durées les plus longues.

Des taux toujours plus bas. Encore et encore. Ces phrases, les médias – nous y compris - les répètent depuis des mois. Les records de 2016 ont été battus, largement, et même la Banque de France le confirme : l’institution vient d’annoncer une moyenne de 1,39% pour les crédits immobiliers à taux fixe en juin 2019, bien plus bas que le record de 1,50% datant de décembre 2016 et de janvier 2017. Mais les statistiques Banque de France ne livrent qu’un constat sur les crédits effectivement octroyés par les banques, avec un certain délai.

Or les taux proposés par les banques aux candidats à l'emprunt continuent de baisser… Une tendance confirmée et probablement bientôt amplifiée par la baisse des taux annoncée par la Banque centrale européenne. Les taux pratiqués par les banques pour les prêts sur 25 ans, durée d’emprunt la plus utilisée actuellement, sont en moyenne de 1,45% selon le courtier Empruntis en ce début août, contre 1,50% début juillet. Ses concurrents constatent aussi une nouvelle érosion des taux.

Taux moyens communiqués par les principaux courtiers en crédit

  • Empruntis : 1,10% sur 15 ans, 1,25% sur 20 ans et 1,45% sur 25 ans
  • Meilleurtaux : 1,17% sur 15 ans, 1,35% sur 20 ans et 1,54% sur 25 ans
  • Vousfinancer : 1,20% sur 15 ans, 1,40% sur 20 ans et 1,60% sur 25 ans

*Taux moyens, ou « taux de marché », sur la base des barèmes fournis par les banques. Il ne s’agit ainsi que des taux constatés, et non des taux négociés par ces réseaux de courtage.

Voir aussi l'évolution des taux immobilier

Les banques ralentissent la cadence en été

Résultat : « Les taux records proposés offrent la possibilité d’accéder à la propriété pour tous les profils », constate Philippe Taboret, directeur général adjoint du réseau Cafpi, dans sa « météo des taux » estivale. Fabienne Laborde, directrice commerciale de Le-Partenaire, décrit un « moment idéal pour emprunter », et ce pour la résidence principale, un investissement locatif, « renégocier son prêt immobilier, ou effectuer un rachat de crédit immobilier ».

« Certaines banques ne statueront sur les nouveaux dossiers qu’à la rentrée »

Dans son baromètre mensuel, Alban Lacondemine, président fondateur d’Emprunt-Direct, ne note lui pas de « changements majeurs » dans les barèmes transmis par les banques au cœur de l’été. Avant d’apporter une nuance d’importance liée aux vacances : « La question d’une capacité de traitement amoindrie, déjà évoquée en juillet, reste sensible en août. Certains établissements ont indiqué qu’ils ne statueraient sur les nouveaux dossiers qu’à la rentrée. » Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux, dépeint des banques « totalement saturées » par l’afflux de dossiers consécutif à la baisse des taux, « qui plus est avec la période des congés synonyme d’équipes restreintes » : « Le traitement des dossiers prend donc du retard et les délais de traitement s’allongent énormément. » Elle conseille par conséquent « d’envisager une date de signature de l’acte authentique à 3 mois et demi voire 4 au lieu des 3 mois classiques ». Empruntis confirme en évoquant un délai allant « jusqu’à un mois » pour une réponse à une demande de financement.

De nouvelles baisses attendues d’ici la fin 2019

Dans sa dernière étude trimestrielle, l’observatoire Crédit Logement-CSA confirme en outre l’allongement des durées de crédit immobilier : actuellement plus de 42% de la production de prêts se conclut sur 25 ans ou plus ! Un niveau sans précédent : ces durées longues ne constituaient que 17% de la production en 2015…

« 1,30% en moyenne en 2019, contre 1,45% en 2018 »

Le même observatoire a revu ses prévisions suite à l’infléchissement des taux des emprunts d’Etat, et au regard de l’inflation qui retombe. « Le niveau des taux bancaires attendu pour 2019 devrait s’établir en moyenne à 1,30% (1,45% en 2018) », alors que le niveau initialement attendu pour 2019 était « entre 1,60% et 1,65% », toutes durées confondues. Crédit Logement-CSA prévoit tout de même une – très légère – remontée des taux courant 2020.

A plus court terme, la Centrale de Financement envisage un nouveau décrochage des taux en septembre 2019, en réponse à la BCE qui pourrait baisser ses taux directeurs dès la rentrée. Et ce réseau de courtage parie sur le maintien des conditions extrêmement favorables pour les emprunteurs jusqu’à juillet 2020.