Longtemps boudé, le billet de 50 euros progresse dans les retraits des Français. Une tendance de fond, qui a encore été accentué par la crise sanitaire. Explications.

C’est un particularisme en voie de disparition. Historiquement, les Français se sont distingués de certains de leurs voisins de la zone euro, notamment des Allemands, par une nette préférence pour les petites coupures, en particulier pour les billets de 10 et 20 euros. C’est en train de changer. Dans une récente publication (1), la Banque de France constate une évolution des habitudes de paiement dans l’Hexagone, « avec une utilisation croissante de coupures de plus haute dénomination, comme le billet de 50 euros ».

Cette tendance n’est pas complètement nouvelle. Entre 2016 et 2020, la part des 50 euros sortant des guichets de la Banque de France a régulièrement augmenté, passant de 20 à 27%. Dans le même temps, les 20 euros ont stagné autour de 39%, tandis que le 10 euros passait de 34 à 30%. Cette progression du 50 euros a toutefois été accélérée par la crise du Covid : +2,5 points de hausse sur la seule période 2019-2020. Résultat : la valeur moyenne du billet sortant des guichets de la Banque de France (25,70 euros en 2020) a fortement augmenté : +70 centimes, contre 16 centimes par an en moyenne sur la période 2013-2019.

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Ruée sur les DAB pour le premier confinement

Ce sont évidemment les confinements, et tout particulièrement le premier en mars-avril 2020, qui explique ce bond. L’annonce du premier confinement, le 16 mars, a en effet entraîné un pic de retraits de fort montant, donc composé principalement de billets de 50 euros.

Variation des retraits aux DAB, 1er et 2e confinements en 2020

Il a correspondu à la fois à un « comportement de précaution », explique la Banque de France, face à la crainte d’une pénurie de cash aux distributeurs, mais aussi à un pic de consommation, les Français constituant des réserves de nourriture et biens de première nécessité. Toutefois, contrairement à ce qui a pu se passer pour le papier toilette ou les pâtes, « il n’y a pas eu de pénurie de billets » se félicite la Banque de France.

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(1) « La filière fiduciaire à l’heure de la crise de la Covid-19 », Bulletin de la Banque de France, mai-juin 2021.