Les gouverneurs de la Banque centrale européenne se sont inquiétés en décembre des « effets secondaires » liés à la politique monétaire généreuse, selon le compte-rendu de la dernière réunion de l'institution publié jeudi.

Parmi les gardiens de l'euro, certains ont souligné « la nécessité d'être attentif aux effets secondaires possibles des mesures de politique monétaire actuelles » méritant « un suivi étroit » à l'avenir, indique le compte-rendu de la réunion qui était présidée pour la première fois par Christine Lagarde. L'afflux de liquidités déversées par la BCE sur les marchés depuis 2015 mérite d'être « soigneusement surveillé », pour voir comment les banques transforment cet argent en crédits et observer l'impact sur les prix des actions ou de l'immobilier, selon le document.

Commerzbank a prévenu mercredi de risques de bulles sur les marchés immobiliers européens, « comme avant (la faillite de la banque) Lehman Brothers » en 2008, en s'appuyant sur l'analyse du comité de surveillance des risques systémiques logé au sein de la BCE.

« Impact potentiel des taux d'intérêt négatifs sur les ménages »

Les « minutes » (le nom du compte-rendu) de la réunion de décembre révèlent aussi une inquiétude concernant « l'impact potentiel des taux d'intérêt négatifs sur les ménages de la zone euro » et en particulier sur « la dynamique de l'épargne et de la consommation ». Cependant, les gardiens de l'euro se sont dit « confiants » sur le fait que les taux directeurs ne sont pas encore parvenus à un niveau où les baisser davantage serait contre-productif, et qui les priverait de toute marge de manœuvre.

En décembre, la BCE avait maintenu à -0,50% le taux sur les dépôts excédentaires des banques, lequel campe en territoire négatif depuis 2014. Ce taux pourrait encore être abaissé à -0,60% non pas lors de la prochaine réunion de janvier, mais lors de celle à suivre en mars, pronostique Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz, car la reprise économique tarde à se faire sentir.

En décembre, les gouverneurs se sont aussi mis d'accord pour mieux chercher à « comprendre les conséquences économiques du changement climatique » qui pourraient influencer les projections économiques de l'institution, et donc son action à venir. Christine Lagarde s'est déjà fixé comme priorité de « verdir » la politique monétaire, ce qui sera discuté lors d'une revue stratégique de l'institution effectuée cette année.