L'endettement continu des ménages et des entreprises constitue un point de vigilance prioritaire pour la Banque de France, tout comme les effets des taux bas sur le secteur financier, a indiqué ce 19 décembre l'institution monétaire française.

Tous les semestres, la Banque de France dresse un tableau détaillé des risques pesant sur le système financier en les classant dans un rapport selon trois niveaux d'importance, soit risque modéré, élevé ou enfin systémique. Comme en juin dernier, les risques liés à l'endettement du secteur privé - particuliers et professionnels hors secteur financier - sont en tête de classement à fin décembre, atteignant encore un niveau de probabilité élevé, explique la Banque de France dans ce rapport.

La croissance dangereuse des crédits

Nouveauté sur cette période, les risques des taux d'intérêt bas sur le secteur financier se positionnent également en première position, ces deux phénomènes devant s'accentuer au cours des prochains trimestres, souligne la Banque de France dans son rapport. « La dynamique de l'endettement des entreprises peut augmenter le risque de défaut et/ou les difficultés de refinancement en cas de choc macroéconomique » d'autant que la production de crédits à taux variables augmente de manière continue, analyse-t-elle.

Quelque 38% des sociétés non financières ont ainsi contracté des dettes à taux variables, estime la Banque de France. La croissance des crédits aux ménages et principalement, celle des crédits immobiliers, « appelle également une vigilance particulière face à l'assouplissement progressif mais continu des critères d'octroi », ajoute-t-elle.

Ce bond continu du crédit est l'une des conséquences de la politique de taux d'intérêt bas et négatifs mené par la Banque centrale européenne (BCE) depuis plus de cinq ans afin de redynamiser l'économie. Appelé à durer, cet environnement de taux bas « affecte les intermédiaires financiers », tels que les banques et assureurs, en réduisant les marges sur les crédits bancaires et en baissant les rendements des placements financiers, constate la Banque de France. Ce qui pèse sur la rentabilité future des banques mais rend aussi plus difficile la tâche de faire fructifier l'argent, notamment pour les assureurs dont les ratios de solvabilité ont sensiblement baissé ces derniers mois.