La Banque centrale européenne a maintenu jeudi ses taux directeurs au plus bas et confirmé son vaste programme de rachats de dette au moins jusqu'en septembre, à un rythme diminué de moitié par rapport à l'année dernière.

Le principal taux de refinancement a été laissé à zéro tandis que les banques vont continuer à payer auprès de la BCE un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n'ont pas l'utilité immédiate. Comme elle l'avait décidé en octobre, la BCE a par ailleurs ramené ses rachats nets de dette publique et privée à un rythme de 30 milliards d'euros mensuels depuis le début du mois et jusqu'en septembre, voire au-delà si nécessaire, contre 60 milliards d'euros mensuels jusqu'en décembre dernier.

Le Conseil des gouverneurs présidé par Mario Draghi se tient également toujours prêt à « accroître le volume et/ou à allonger la durée » du programme d'achats d'actifs, selon le communiqué résumant ses décisions. La BCE prévoit enfin, dernier point surveillé par les observateurs, que ses taux d'intérêt resteront à leurs niveaux actuels « bien au-delà » de la fin des achats nets d'actifs, laquelle pourrait intervenir fin 2018 selon la majorité des prévisions.

L'échéance du 8 mars

« Cette séquence est gravée dans le marbre », estimait dès mercredi Alain Bokobza, responsable de l'allocation d'actifs à la Société Générale, alors que tout l'enjeu des prochains mois porte sur la vitesse d'exécution de ce plan. Durant la conférence de presse suivant la réunion de politique monétaire du jour, ce midi, Mario Draghi devrait justement calmer les spéculations sur un resserrement monétaire plus rapide que prévu. Le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE de décembre a semé le trouble en annonçant que la BCE pourrait communiquer « tôt dans l'année » son plan d'arrêt des rachats d'actifs, alors que Mario Draghi n'avait rien laissé transparaître de tel.

Rendu prudent par la mollesse de l'inflation, le banquier italien doit aussi composer avec l'envol de l'euro après des propos du secrétaire américain du Trésor, Steven Mnuchin, favorable mercredi soir à un « dollar plus faible ». Autant de raisons pour Mario Draghi de renvoyer à la réunion du 8 mars l'annonce des prochains tours de vis monétaires, comme l'attendent une majorité d'observateurs.